Le président américain Donald Trump a joué, mercredi 8 janvier, la carte de l’apaisement après des tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak. S’il a annoncé l’imposition immédiate de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran, il n’a pas évoqué de réponse militaire, éloignant pour l’heure le spectre d’une escalade régionale.
Après des représailles iraniennes contre des bases américaines en Irak qui n’ont pas fait de victime, Donald Trump a préféré jouer la carte de l’apaisement en privilégiant une réponse économique plutôt que militaire.
« L’emphase est mise sur les sanctions économiques. Donald Trump entend apparemment contenir le régime iranien, éventuellement faire basculer le régime. Je pense que les États-Unis ont opté, comme on le savait depuis un an et demi, pour un effort d’étranglement économique, par un blocus économique de l’État iranien dans l’espoir de faire chuter le régime », explique Philip Golub, professeur à l’Université américaine de Paris (AUP) et spécialiste de la politique étrangère des États-Unis.
Seulement, d’après l’universitaire, cette stratégie pourrait bien s’avérer contre-productive depuis la mort du général Soleimani. « À terme, je crois qu’aujourd’hui, cette stratégie est dans la contradiction, puisque Donald Trump a réussi avec son intervention militaire à unifier le peuple iranien derrière le régime plutôt que le contraire. On est là dans une situation curieuse : d’un côté, les États-Unis recherchent un changement de régime par étouffement économique et de l’autre côté, l’assassinat du général Soleimani a conduit à un renforcement de ce même régime, à la mobilisation populaire derrière lui », analyse Philip Golub.
Les partisans de Trump hostiles à une escalade militaire
Mais si Donald Trump a choisi de calmer le jeu, c’est aussi à cause du calendrier électoral. Le président américain est candidat à sa réélection et il ne souhaite pas froisser ses partisans, en majorité hostiles à une escalade militaire.
« Les déclarations de Trump indiquent effectivement une préoccupation de politique intérieure. La base électorale du président est en effet lasse des guerres américaines au Moyen-Orient et dans le Golfe. Une partie non négligeable des commentateurs ultraconservateurs sur Fox News le sont aussi, même s’ils sont divisés sur la question, détaille Philip Golub. Je crois qu’effectivement, Donald Trump pense à son élection, il y pense tout le temps d’ailleurs, et qu’il essaie de moduler ses besoins intérieurs avec le désir apparemment puissant d’utiliser l’outil militaire américain extrêmement développé qu’il a à sa disposition quand il le voudra. »
Et l’universitaire de conclure : « Nous sommes dans l’unilatéralisme, devant un nationalisme exacerbé, mais avec un président dont l’imprévisibilité devient de plus en plus grande ».
rfi