Poumon économique du pays, le Grand Bazar de Téhéran s’est mis en grève ce lundi 25 juin pour protester contre la chute de la monnaie iranienne et la crise économique. Cette dernière s’est en effet aggravée depuis l’annonce de la sortie des Etats-Unis de l’accord nucléaire et le retour des sanctions américaines.
De notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
De nombreux commerçants du Grand Bazar de Téhéran ont fermé leurs magasins pour manifester dans la rue contre l’aggravation de la situation économique. Ces derniers jours, le rial iranien a poursuivi sa chute face au dollar, ce qui a poussé de nombreux commerçants à cesser toute activité, faute d’avoir une perspective économique claire.
Pour Ali, vendeur dans une papeterie non loin du Bazar de Téhéran, la hausse du dollar dont la valeur a plus que doublé en quelques mois par rapport au rial iranien, explique cette situation : « Pour l’instant, les ventes sont arrêtées. Nous avons appelé nos fournisseurs pour commander des produits, mais on nous a dit que la situation du dollar n’est pas claire et pour l’instant on ne vend rien. Vous voyez nos rayons se vident et nous devons accepter cette situation ».
Mais la colère gronde face au blocage économique. Les clients ont déserté les magasins à cause de la hausse vertigineuse des prix, comme l’explique Mohsen, patron d’un magasin de téléphones portables : « Personne n’achète plus rien. Tout est fermé. Dans les centres commerciaux, les magasins ferment les uns après les autres. Les gens manifestent et font la grève. Personne n’a d’argent. Le rire que vous entendez est dû à la dépression. Le ressort s’est cassé et plus personne n’est capable de faire quoi que ce soit ».
Pour les responsables, les sanctions américaines sont responsables de cette situation, et les autorités multiplient les appels à l’unité face à ce qui est présenté comme une guerre économique lancée par Washington contre l’Iran.
« On est dans une situation économique absolument désastreuse en Iran. C’est encore plus compliqué depuis qu’il y a le retrait des accords des Etats-Unis et les sanctions qui ont des incidences sur l’économie intérieure. On sait qu’il est très difficile de changer cette monnaie qui est « fermée » – on ne peut changer les rials qu’à l’intérieur du territoire – mais là, c’est encore plus compliqué car c’est considéré comme de la spéculation, comme du trafic. Donc il y a un certain nombre de choses qui va économiquement desservir cette classe socio-professionnelle », analyse Amélie Myriam Chelly, sociologue spécialiste de l’Iran.