Après plus de vingt ans de présence dans une ville divisée entre Palestiniens et Israéliens, les observateurs internationaux déployés à Hébron vont devoir quitter la Cisjordanie. Le Premier ministre israélien a décidé de ne pas renouveler leur mandat, qui arrive à expiration cette semaine. Benyamin Netanyahu accuse cette mission internationale d’observation d’être biaisée.
Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
Comme Jérusalem, Hébron est une ville importante pour juifs et musulmans : le tombeau des Patriarches en son cœur – abritant des sépultures attribuées à Abraham, Isaac, Jacob, Sarah, Rebecca et Léa – est un lieu saint pour les deux religions. En vertu d’accords signés par Israël et l’Organisation de libération de la Palestine, l’Autorité palestinienne a le contrôle de 80% de la ville. Le reste – la Vieille ville et ses environs – est sous le contrôle de l’armée israélienne : c’est là que vivent quelques centaines de juifs considérés comme des colons par le droit international.
Nombreuses tensions
Cette coexistence est source de nombreuses tensions. La TIPH (Temporary International Presence in Hebron, la mission des observateurs internationaux) avait été créée après le massacre de 29 Palestiniens par un colon israélien dans le tombeau des Patriarches, en février 1994. Trois ans plus tard, cette présence internationale dans cette ville disputée a été actée par un protocole ajoutée aux accords d’Oslo. Mais se voulant temporaire, son mandat doit être renouvelé tous les six mois : l’actuel arrive à échéance le 31 janvier.
La TIPH, financée aujourd’hui par cinq pays, compte une douzaine d’observateurs présents dans la ville, recensant les violations du droit et des accords internationaux commises par les Israéliens comme par les Palestiniens. La mission a rédigé plus de 20 000 rapports depuis sa création. Mais elle est régulièrement critiquée par la droite israélienne et lorsqu’en juillet dernier, deux incidents ont montré des observateurs s’en prendre à des colons, les demandes d’expulsion sont devenues plus pressantes.
Appel à la communauté internationale
Ce lundi, Benyamin Netanyahu a finalement annoncé qu’il ne renouvellera pas le mandat de la force d’observation, justifiant son choix par une seule phrase : « Nous n’autoriserons pas la continuation d’une force internationale qui agit contre nous. » Pour le porte-parole de la présidence palestinienne, cette décision est à l’inverse une « preuve qu’Israël ne respecte pas les accords signés » et il appelle à une pression internationale pour faire plier le gouvernement israélien.
Rfi