C’est le Premier ministre à la plus grande longévité de l’histoire d’Israël. Mais après quinze ans de pouvoir, Benyamin Netanyahu pourrait être sur le point de se faire renverser. Une coalition qui se revendique « du changement » est en train de se créer. Cette coalition est en passe d’obtenir une majorité parlementaire et de former un nouveau gouvernement. Mais avant cela, il lui reste plusieurs obstacles à franchir.
Il y a d’abord le calendrier, explique notre correspondant régional, Guilhem Delteil : Yaïr Lapid est engagé dans une course contre la montre. Le mandat qu’il a reçu du président pour former un gouvernement expire mercredi soir. Et il doit d’ici là signer des accords de coalition avec l’ensemble de ses partenaires. Pour que cette coalition devienne majoritaire, il lui en faut sept et pour l’instant, seuls trois accords ont été formalisés.
Toute petite majorité
Les deux dirigeants de ce bloc anti-Netanyahu, Yaïr Lapid et Naftali Bennett, devront aussi veiller à ce qu’il n’y ait pas de défection dans leurs rangs. Dans les contours qu’elle prend, cette coalition comptera 61 députés sur 120. Une défection et c’est la majorité absolue qui disparaîtrait. Le Likoud de Benyamin Netanyahu et ses partisans vont certainement accroître leur pression sur les élus de droite de ce bloc pour les convaincre de ne pas soutenir ce gouvernement.
Enfin, il y a une question juridique qui se pose : c’est Yaïr Lapid qui a été chargé de former un gouvernement mais il a accepté de laisser le poste de Premier ministre à Naftali Bennett pendant les deux premières années. Est-ce que quelqu’un qui ne détient pas formellement le mandat de constituer un gouvernement peut devenir Premier ministre ? C’est un cas de figure inédit et Benyamin Netanyahu ne manquera pas de soulever la question devant la Cour suprême.
Point de non retour franchi ?
Après l’annonce du chef de file du parti de droite Yemina Naftali Bennett qu’il cherchait à former une coalition d’union nationale avec des partis centristes et des formations de gauche, les réactions sont nombreuses, dit notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Le point de non retour a été franchi, estiment ainsi ce matin plusieurs commentateurs.
En l’espace d’un instant Naftali Bennett est apparu comme un Premier ministre et Benyamin Netanyahu, paniqué, voit le pouvoir lui échapper avec toutes les conséquences personnelles que cela risque d’entraîner pour lui notamment en ce qui concerne son procès pour corruption et abus de confiance. Les médias en Israël le proclament: pour la première fois depuis 2009 un changement à la tête du gouvernement israélien est possible et même peut-être probable.
Mais un éditorialiste de Yediot Aharonot le souligne: Netanyahu « ne sait pas perdre ». Son secret est de continuer à se battre jusqu’au dernier moment et même souvent encore après. Et son désespoir peut être dangereux. Pour Haaretz, Netanyahu est celui qui a introduit dans le dictionnaire politique israélien la notion « d’arnaque ». Il ne lui reste plus dans son arsenal pour intimider les israéliens que la menace iranienne. Le journal d’opposition le souligne: Naftali Bennett, le champion de la droite nationaliste possède un atout majeur : il est tout simplement « normal ». Quant à Israël Hayom le quotidien proche du pouvoir en Israël, il reprend un à un les arguments contre le nouveau candidat: « Au service de la gauche, titre le journal, Naftali Bennett a enfreint toutes ses promesses électorales ».