Israël: Tsahal accusé d’avoir dissimulé la mort de deux adolescents palestiniens

Les faits remontent au 14 juillet dernier. Alors que la tension était à nouveau très vive entre les groupes armés de Gaza et Israël, l’armée israélienne avait bombardé un immeuble en construction dans la ville de Gaza. Il s’agissait, assure l’armée d’une cible militaire. Selon les Gazaouis rencontrés par RFI le lendemain, c’était un bâtiment civil. Dans ce bombardement, deux adolescents de 14 ans ont été tués. Selon deux organisations de défense des droits de l’homme, B’Tselem et Forensic Architecture, l’armée israélienne a tenté de se dédouaner de toute responsabilité dans ces deux morts.

Avec notre correspondant à Jérusalem,Guilhem Delteil

Le 14 juillet 2018, en fin d’après-midi, Amir Al Nimrah et Louay Kahil étaient montés sur le toit de cet immeuble en construction. Les deux amis s’étaient assis sur le rebord, les jambes dans le vide et s’étaient pris en photo. Après enquête, B’Tselem et Forensic Architecture affirment que les deux adolescents ont été tués par un tir israélien qui se voulait de sommation.

« L’armée a diffusé les vidéos de quatre tirs de sommation. Et il y a eu quatre tirs. Mais ils ont remplacé une vidéo du premier tir, celui qui a été mortel, par une vidéo d’un autre tir prise sous un angle différent. Donc c’est assez trompeur, si ce n’est plus », affirme Hagai El Ad, le directeur exécutif de B’Tselem.

Contactée par RFI, l’armée israélienne qualifie dans un communiqué de « sans fondement » et « fausses » les allégations qu’elle aurait consciemment déformé les vidéos. Elle assure qu’elle n’avait pas connaissance de la présence des deux adolescents sur le toit du bâtiment. Mais pour Hagai El Ad, ce schéma se répète souvent.

« Maintes fois, vous lisez les explications données par l’armée a posteriori : “nous ne les avons pas visé. Ce n’était pas intentionnel”. Donc comment cela s’est-il produit encore, encore et encore ? A un moment, vous devez vous demander si autant d’erreurs sont commises, peuvent-elles toujours être considérées comme des erreurs ? »

Hagai El Ad estime que les tirs de sommation devraient être considérés comme partie intégrante d’une opération militaire. L’état-major, lui, affirme que les « mesures de précaution » prises répondent « entièrement » au droit international.

source:rfi