Italie: quelle ligne politique pour l’équipe de Giuseppe Conte?

L’alliage n’allait pas de soi, et pourtant… Luigi di Maio et Matteo Salvini, respectivement patron du Mouvement 5 étoiles et chef de La Ligue, gouvernent désormais ensemble en tant que ministres de Giuseppe Conte, un inconnu. Le nouveau gouvernement italien a obtenu mardi 5 juin 2018 la confiance du Sénat, et le vote de la Chambre des députés, ce mercredi, apparait comme une formalité. Cette équipe iconoclaste va donc se mettre au travail. Pour quelle ligne ?

Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a dévoilé mardi sa feuille de route devant le Sénat. Un programme qui n’est pas le sien, puisqu’il reprend le contrat de gouvernement conclu par les deux partis vainqueurs des législatives de mars, rappelle notre correspondante à Rome, Anne Le Nir.

L’universitaire et juriste, propulsé au poste de Premier ministre à partir d’une expérience politique vierge, a annoncé qu’il serait le garant de cette feuille de route, longuement discutée par ses deux vice-Premiers ministres.

Le vote de la Chambre n’étant qu’une formalité, compte tenu du poids qu’y occupent désormais La Ligue et le M5E, ce premier gouvernement « populiste » d’un pays fondateur de l’UE va donc pouvoir se mettre au travail.

• Un allié résolument européen des Etats-Unis qui tend la main à la Russie

Sur le plan de la politique internationale, le nouvel exécutif souligne l’appartenance « convaincue » de l’Italie à l’Otan, « avec les Etats-Unis comme partenaire privilégié ». Mais il se déclare aussi « ouvert à la Russie » et résolument favorable à la « levée des sanctions économiques » qui la frappent.

Concernant l’Europe, Giuseppe Conte a assuré qu’elle est « la maison de l’Italie ». Pas question de quitter la zone euro. En revanche, il faut une Union européenne « plus forte et plus juste », estime le président du Conseil.

• Lutte contre l’immigration clandestine, plaidoyer contre Dublin

Mardi, M. Conte a entamé un long discours sur l’immigration. « La gestion des flux a été un échec », a-t-il déclaré. Son constat, qui est loin de n’être que le sien : « L’Europe a autorisé des fermetures égoïstes de nombreux États. »

Le gouvernement italien insistera sur « le dépassement du règlement de Dublin », notamment pour une « répartition équitable des responsabilités ». Et sur son sol, il entend stopper « le business de l’immigration qui a augmenté démesurément, à l’ombre d’une solidarité de façade ».

Autrement dit, lutte contre l’immigration clandestine d’un côté, et renégociation des règles du droit d’asile de l’autre, alors que l’accord de Dublin fait peser l’essentiel de la charge de l’accueil des migrants aux pays en première ligne, comme l’Italie.

• Baisser les impôts et augmenter les aides tout en réduisant la dette…

Giuseppe Conte a aussi affirmé que la gigantesque dette publique du pays serait réduite, « sans mesures d’austérité mais à travers la croissance ». Il promet en même temps des réformes très appétissantes, du revenu universel à la baisse des impôts…

Le contrat de gouvernement prévoit notamment un revenu d’insertion pour les plus pauvres, un accès aux soins plus efficace et moins onéreux pour tous, une baisse des frais et des durées des procès, ou encore une réduction de la bureaucratie.

Il a en revanche donné peu de détails sur le financement de ces réformes. Aucun mot non plus sur la culture ou encore l’éducation. Effet immédiat dans la classe politique italienne : le retour d’une union de l’opposition de centre-gauche.

 

rfi