C’est l’album de la réconciliation ! Entre Titi et Prince Arts, «Ay namanté la». L’artiste vient de signer son come-back… Un retour en force sur la scène musicale, après une pause de plus de trois ans. Avec en fond sonore, le disque d’une médiation orchestrée par son mentor, Youssou Ndour. Ndèye Fatou Tine alias Titi, nous en joue quelques notes dans cette interview avec l’Observateur. Sa vie d’épouse et de mère, son nouveau look, sa musique… Tout y passe…
Nouvel album : «L’attente a été longue mais…»
La première particularité de cet album, c’est le nombre de titres. Il y en a 10 en tout. D’habitude, j’en fais moins. Une manière de marquer mon retour, après quelques années d’absence et montrer à mes fans combien ils me manquaient et les remercier d’avoir été patients. L’attente a été longue, mais le jeu en valait bien la chandelle. J’ai profité des moments de répit entre les tournées et les spectacles pour entrer en studio. Je suis revenue avec de nouveaux styles musicaux, histoire d’élargir mon horizon. Beaucoup de gens me découvrent sous un nouveau jour et prennent conscience de ma polyvalence. Je peux dire que ces trois années sans production, c’est un mal pour un bien. D’autant plus que je ne vois pas la raison de se précipiter pour faire un opus. Ces albums qui foisonnent sur le marché sénégalais, quel impact ont-ils sur l’industrie musicale? Il ne sert à rien de rapprocher les productions sans qu’il y ait de la qualité et de l’originalité. J’entends souvent les journalistes dire que la musique, de nos jours, ne remplit plus ses fonctions d’éducation, de sensibilisation… La précipitation et le simple fait de vouloir occuper le terrain expliquent cette profusion. Le mieux c’est de prendre le temps de bien faire les choses. De toutes les manières, les Sénégalais sont loin d’être dupes. Ils savent qui est qui et ce que chacun vaut. Quand un artiste entre en studio, qu’on lui laisse toute la latitude qu’il lui faut pour sortir un bon produit. La preuve, mon album «Geun gui deuk» a fait un tabac. Le nombre de vues sur Youtube en témoigne. Sorti il y a quatre ans, il est toujours présent dans les esprits. En ce qui me concerne, ce sont les péripéties de ma réconciliation avec Prince Arts qui m’ont pris beaucoup de temps. Il fallait d’abord arrondir les angles et revoir comment peaufiner notre collaboration. Quand il a fallu sortir l’album, cela ne nous a pas pris plus d’un mois. J’avais déjà composé 3 à 4 titres de l’album avant de réintégrer le label. Nous les avons juste retravaillés…
Réconciliation avec Prince Arts : «Je ne regrette pas notre séparation»
Je me réjouis de m’être retrouvée avec Prince Arts. Seulement, nul ne peut échapper à son destin. Il était dit qu’entre nous, il y aurait une rupture et je rends grâce à Dieu. Je suis quelqu’un de très réaliste et suis convaincue que rien n’arrive sans raison. L’homme propose et Dieu dispose. Dans ma vie, je me suis toujours fixé des objectifs et pas à pas, je parviens à les réaliser. Ce n’est pas toujours sans dommages, mais je l’accepte. Je n’étais qu’une gamine de rien du tout lorsque je me suis mise à rêver de faire carrière dans la musique. Aujourd’hui, je suis en train de réaliser ce rêve, malgré les écueils et les embûches. Donc, cette cassure dans ma carrière n’a rien enlevé à ma détermination. Cela n’a pas non plus influé sur mon mode de vie, ma musique ou mon inspiration. Bien au contraire, cela m’a beaucoup servi, notamment dans la composition de certains titres. Il m’est arrivé de me réveiller en pleine nuit pour écrire des chansons. Au studio, je ne suis jamais à court d’idées pour sortir la meilleure version d’une chanson déjà planifiée. Tout ceci se perçoit à travers mon retour, qui ne s’est pas fait sans bruit. Le contraire aurait été décevant. Je ne regrette pas ma séparation avec Prince Arts. Entre temps, j’ai été deux fois au Grand Théâtre. J’ai fait une tournée avec l’ONU et je ne restais jamais figée. Ma musique marchait comme sur des roulettes. C’est grâce à Youssou Ndour qu’il y a eu cette réconciliation. Mara Dieng, Gaston Mbengue et Pa Oumar, ont aussi participé à la médiation. Quand Youssou m’a fait appelée, honnêtement j’étais dans un tout autre registre. Mais Dieu en a décidé autrement. Youssou Ndour, je ne me lasserai jamais de le dire, je lui dois beaucoup. C’est grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui. Il m’a toujours protégée et couvée. En Guinée où j’étais établie avec mon ex-époux, il m’a trouvée et m’a persuadée de revenir au bercail. Il m’a mise en rapport avec ses frères pour qu’ils me produisent. Depuis, je n’ai aucun regret. Si j’ai pu me produire à Bercy, c’est également grâce à lui, de même que mes premiers contrats en Europe. Depuis ma tendre enfance, il était mon idole et je n’osais même pas imaginer que j’aurais un jour la chance de le côtoyer, à plus forte raison qu’il allait être mon mentor. Il me respecte et m’estime beaucoup. Je ne le remercierai jamais assez pour sa sollicitude. C’est une référence pour bon nombre d’artistes et moi en particulier. Mon ambition est de suivre ses pas. Aller un jour à l’assaut de Bercy, fait partie de mes plus grands souhaits…
Cri du cœur : «Je suis meurtrie par la violence au Sénégal»
Tout ce qui se rattache à la politique, je n’y touche pas. Ce qui m’importe, c’est que la paix perdure au Sénégal et que nos gouvernants agissent de telle sorte que la stabilité du pays soit une constante. De plus en plus, on assiste à la recrudescence de la violence sur les femmes et les enfants. Pas une semaine ne passe sous nos cieux sans qu’on ne relate dans les journaux, des viols, des rapts et des meurtres d’enfants. Quid des femmes, qui subissent des violences atroces. Franchement, ces questions de l’heure m’interpellent plus que cette affaire de gaz qui ameute toute la République. D’ailleurs, j’ai dédié des chansons à ces phénomènes qui posent le problème de l’insécurité grandissante et mériterait que l’on s’arrête là-dessus. C’est inadmissible… Je suis meurtrie par tant de violence.
Ouverture musicale : «Grâce au Mbalakh, je peux franchir d’autres frontières»
L’afro-beat est une épidémie et le Sénégal, comme beaucoup de pays, n’a pas été épargné. C’est un style musical assez tendance et je l’ai essayé dans mon nouvel album. Seulement, il faut savoir que c’est un effet de mode et cela va disparaitre un jour. En ce qui me concerne, je l’ai toujours crié haut et fort, ma musique s’apparente à du Mbalakh pur et dur. C’est ma base et je ne compte pas la changer, pour rien au monde. Cela ne va pas m’empêcher de m’ouvrir à d’autres musiques. Je suis d’avis que le Mbalakh peut me faire franchir d’autres frontières. La preuve, des Américains ont été séduits par le côté traditionnel de ma musique, ma façon de m’habiller, ma «sénégalité», et m’ont signé un contrat de 6 mois. Je préfère valoriser la musique de mes origines.
Remariage, vie de famille et musique : «J’essaie d’être une bonne mère et une épouse modèle»
Je me suis remariée récemment. Je m’épanouis totalement dans ma vie de famille. En bonne Sénégalaise, j’ai été éduquée sur des principes et des valeurs. Je ferai en sorte de ne jamais les trahir et je m’appuie dessus pour être une bonne mère, une épouse modèle. Mes enfants ont pratiquement grandi dans la musique. Ils sont habitués à me voir évoluer dans le milieu. Aujourd’hui, ils sont grands et ont la maturité pour comprendre mes absences. J’essaie au mieux de les combler et de jouer pleinement mon rôle de mère et d’épouse. Mon mari m’a trouvée dans la musique et connait très bien les contraintes liées à ma profession. Ainsi, il me ménage beaucoup et j’essaie à mon tour d’assumer mon rôle d’épouse. Ce n’est pas du tout difficile et j’y parviens le plus naturellement du monde. Ma famille me soutient à fond. Parfois en pleine nuit, j’abandonne mon mari pour aller au salon afin d’enregistrer avec mon téléphone des airs ou des paroles, pour ne pas que cela m’échappe. Je perturbe le sommeil de mes enfants avec mes envolées, mais ils me comprennent.