Le Premier ministre japonais confirme qu’il participera au prochain sommet de l’Otan du 28 au 30 juin à Madrid, une première pour un chef d’État japonais. Le Japon n’est pas membre de l’Otan, mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie le pousse à se rapprocher de l’organisation de défense atlantique. À Madrid, le Premier ministre japonais soulignera les liens entre les inquiétudes sécuritaires en Europe et en Asie.
Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
« L’Ukraine pourrait être l’Asie orientale de demain », affirme Fumio Kishida dans une allusion à Taïwan. Le ministre de la Défense chinois Wu Qian ne contredit pas le Premier ministre japonais : « Si quelqu’un ose séparer Taiwan de la Chine, l’armée chinoise déclenchera une guerre », affirme-t-il à Singapour lors du sommet de Shangri-La sur la sécurité.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a entrainé à Tokyo des changements drastiques de perception en matière de sécurité. Le Japon est confronté à une triple menace : celle de la Chine, de la Corée du Nord et de la Russie. Seul pays d’Asie membre du G7, allié majeur des États-Unis, le Japon participe aux sanctions internationales contre la Russie, livre à l’Ukraine des équipements non offensifs et accueille des réfugiés ukrainiens.
Pour Fumio Kishida, la communauté internationale est à la croisée des chemins depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. À l’exemple de l’Allemagne, le Japon augmentera ses dépenses de défense et renforcera son rôle dans la sécurité régionale. En allouant, par exemple, deux milliards de dollars aux marines des pays de la région Indo-Pacifique.
Contrer le voisin chinois et se rapprocher de l’Occident
Les ambitions géopolitiques de la Chine, alliée de la Russie, préoccupent le Japon. Lors de la visite de Joe Biden, en mai à Tokyo, au cours de laquelle le président américain s’est dit prêt à utiliser la force pour défendre Taïwan contre une éventuelle attaque chinoise, des bombardiers stratégiques russes Tu-95 et chinois Xian H-6 ont volé pendant 13 heures au-dessus des mers du Japon et de Chine. Réuni à Tokyo le mois dernier, le Quad, cette alliance informelle réunissant les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde, doit servir de contrepoids à l’influence de la Chine et de la Russie en Asie-Pacifique.