À moins d’un moins de la cérémonie d’ouverture des JO de Tokyo, le 23 juillet, l’empereur Naruhito vient de faire savoir qu’il était inquiet de la situation sanitaire dans son pays et « préoccupé par le risque d’une éventuelle accélération des infections à la suite des Jeux ».
Cette prise de position du souverain embarrasse le gouvernement et les organisateurs de l’événement. Elle désarçonne aussi les constitutionnalistes. Mais beaucoup de Japonais partagent les craintes de Naruhito et ne lui tiennent donc pas rigueur d’avoir enfreint son devoir de réserve.
L’empereur du Japon n’est en effet pas autorisé à tenir des propos de nature politique ou institutionnelle. C’est pourquoi en 2016, Akihito, le père de Naruhito, n’avait pas pu demander explicitement qu’on le laisse abdiquer. Il avait juste fait part de ses craintes de ne plus pouvoir longtemps exercer ses fonctions étant donné son âge avancé et ses problèmes de santé.
C’est donc de manière indirecte, par la voix de son plus proche conseiller, que son fils, l’empereur Naruhito, vient à présent de faire connaître son sentiment à l’égard des Jeux olympiques. Ses propos rapportés mécontentent le gouvernement, mais, pour nombre de Tokyoïtes, l’empereur a bien fait de se prononcer : « La tenue de ces Jeux dans un tel contexte sanitaire inquiète les Japonais, confie l’un d’eux. Que l’empereur lui-même ne soit pas rassuré, cela me paraît hélas tout à fait normal. »
« L’empereur se veut proche des gens, tout comme l’était son père, assure une habitante de la capitale nippone. Il aimerait donc que toutes les mesures soient prises pour éviter que ces JO mettent leur santé en danger. Je trouve cela très bien qu’il le fasse comprendre. »
« Naruhito a raison, renchérit un autre Tokyoïte. Il faut redoubler de précautions afin que ces Jeux ne précipitent pas notre pays dans une cinquième vague de l’épidémie. Et c’est bien qu’il le rappelle maintenant puisque, d’ici à la cérémonie d’ouverture, on a le temps d’affiner le dispositif sanitaire si cela s’avérait nécessaire. »
Huit sondés sur dix craignent que les Jeux de Tokyo ne relancent l’épidémie. D’autant plus qu’à ce jour, seuls 10% des Japonais ont été vaccinés.