Shireen Abu Akleh, la journaliste d’Al-Jazira tuée mercredi d’une balle dans la tête lors d’une opération militaire israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée, doit être enterrée vendredi à Jérusalem sur fond de violences persistantes, alors que de nouveaux heurts ont éclaté dans le camp de réfugiés de Jénine.
Les Palestiniens s’apprêtent, vendredi 13 mai, à dire adieu à une de leurs journalistes vedettes, la correspondante palestino-américaine d’Al-Jazira Shireen Abu Akleh, tuée d’une balle dans la tête deux jours plus tôt à Jénine, en Cisjordanie occupée, alors qu’elle couvrait un raid israélien.
Ses funérailles auront lieu à Jérusalem sur fond de violences persistantes, alors que de nouveaux heurts ont éclaté dans le camp de réfugiés de Jénine, où elle a été tuée. Un Palestinien y a été blessé par balle lors d’une nouvelle opération de l’armée israélienne, selon l’agence officielle palestinienne Wafa.
Palestinienne chrétienne âgée de 51 ans et ayant aussi la nationalité américaine, la journaliste de la chaîne qatarie Al-Jazira doit être inhumée à Jérusalem, où elle a grandi, après une messe à 15 h (12 h GMT) dans une église de la Vieille Ville.
La police israélienne a dit à l’AFP s’attendre à « des milliers de participants », déployer des forces supplémentaires et fermer des routes en prévision des obsèques.
Des milliers de Palestiniens lui ont déjà rendu hommage jeudi, au lendemain de sa mort, lors d’une cérémonie au siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
« Complètement responsables »
« Je suis venue dire au revoir à celle qui est au plus profond de nos cœurs », a témoigné une Palestinienne ayant participé à la cérémonie, Douaa Abou Adi. Shireen Abu Akleh « n’est pas seulement dans chaque maison palestinienne mais dans chaque cœur arabe. Pour tous les Palestiniens, c’est une sœur ».
Après la cérémonie, une foule a suivi l’ambulance transportant sa dépouille jusqu’au point de passage entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par l’État hébreu. Les habitants de Cisjordanie, dans leur écrasante majorité, n’ont pas accès à Jérusalem.
Le camp de Jénine où Shireen Abu Akleh a été tuée mercredi est un bastion des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie, d’où étaient originaires des auteurs d’attaques récentes en Israël.
L’armée israélienne y avait lancé une opération pour appréhender des Palestiniens recherchés.
Vendredi, lors d’un nouveau raid, elle a pilonné une maison et blessé par balle à l’abdomen un Palestinien lors de heurts, d’après Wafa. Un autre Palestinien a été blessé par balle près de Ramallah lors d’un autre incident, selon l’armée israélienne. Il avait lancé une brique vers une voiture et tenter d’entrer à l’intérieur.
Al-Jazira a accusé les forces israéliennes d’avoir tué « de façon délibérée » Shireen Abu Akleh, sa journaliste vedette qui portait un gilet pare-balles siglée « presse » et un casque de reportage.
Israël, après avoir dit qu’elle avait « probablement » succombé à un tir palestinien, a affirmé ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats.
« Nous avons besoin de la preuve médico-légale » des Palestiniens, y compris la balle ayant tué la journaliste, afin de mener une enquête « complète », a affirmé le ministre israélien de la Défense Benny Gantz.
« C’est peut-être un Palestinien qui a tiré sur elle (…) Le tir est peut-être aussi venu de notre côté, nous enquêtons », a-t-il dit.
Lors de la cérémonie à Ramallah, le président palestinien Mahmoud Abbas a dit tenir les autorités israéliennes pour « complètement responsables » de la mort de la journaliste, refusant une enquête conjointe avec Israël.
« Voix de la Palestine »
« Les autorités israéliennes ont commis ce crime et nous ne leur faisons pas confiance », a-t-il affirmé.
Une première autopsie a été conduite en Cisjordanie peu de temps après sa mort, mais aucune conclusion finale n’a été communiquée.
Le résumé de la semaine
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Son décès a suscité une vague d’émotion dans les Territoires palestiniens, dans le monde arabe où ses reportages ont été suivis pendant plus de deux décennies, en Europe et aux Etats-Unis.
Le portrait de la journaliste, la septième tuée dans les Territoires palestiniens depuis 2018 selon Reporters sans frontières (RSF), a été brandi lors de rassemblements en Turquie, au Soudan et au Liban, et projeté sur un immeuble de Doha, la capitale qatarie.
Plusieurs manifestations ont également éclaté spontanément à travers les Territoires palestiniens pour protester contre sa mort. Dans la bande de Gaza, des artistes ont sculpté son nom dans le sable et peint une fresque en son honneur, tandis que sur le lieu de son décès, à Jénine, des enfants ont déposé des fleurs.
Sur le toit d’un immeuble de la place centrale de Ramallah, l’immense panneau publicitaire affiche désormais un portrait de la journaliste, accompagné d’un sobre message: « Au revoir Shireen, au revoir la voix de la Palestine. »
Avec AFP