20 ans de réclusion criminelle, c’est la peine qu’encourent les sieurs Cheikh Tidiane Diouf, Seydou Kane alias Toupak, Diégane Niane et Seydou Wade, alias Seydou Ba. Jugés, hier, pour les d’association de malfaiteurs, de vol commis la nuit avec usage d’arme, de violence, de port d’arme et de blanchiment de capitaux les susnommés seront élucidés sur leur sort, le 3 mars prochain.
C’est une équipe de malfaiteurs très soudée d’où l’audace de leurs pratiques délictuelles. C’est en plein jour, à la vue de tout le monde que Cheikh Tidiane Diouf, Seydou Kane alias Toupak, Diégane Niane et Seydou Wade alias Seydou Ba faisaient une descente dans des banques pour les dévaliser. L’Agence du Crédit mutuel du Sénégal (Cms) de Liberté 6 et Wafacash de la Gueule Tapée ont été des victimes. C’est au courant du mois de juin 2017 qu’ils ont opéré un braquage dans ces banques où ils ont respectivement remporté les sommes de 2 millions et 7 millions 935 000 francs. Comme si ce n’était pas suffisant, ils torturaient les agents trouvés sur les lieux. C’est grâce à une géolocalisation à partir des téléphones qu’ils ont volés que la sûreté urbaine a réussi à les attraper.
Cheikh Tidiane Diouf, accusé : «C’est à travers les médias que j’ai su le montant volé et Two-pack m’a remis encore 400 000 francs»
Placé sous mandat de dépôt le 27 juillet 2017, c’est hier qu’ils ont fait face au juge de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Ils répondaient des crimes d’association de malfaiteurs, vol commis la nuit avec usage d’arme, de violence et port d’arme, blanchiment de capitaux. Au prétoire, les accusés ont tous rejeté ces chefs d’accusation. Ayant révélé à l’enquête préliminaire leur mode opératoire ainsi que le déroulement du partage du butin, Cheikh Tidiane Diouf a démenti hier ses propres révélations notées sur le Pv. « On était trois quand on cambriolait. C’est moi qui auscultais les lieux avant de donner le signal. Pour le partage de l’argent volé, on était parti à Cambérène. J’avais reçu un million 800 000 frs. C’est à travers les médias que j’ai su le montant volé et Two-pack m’a remis encore 400 000 francs », avait-il dit. Mais, à la barre, il dit n’avoir jamais participé à une opération de cambriolage. S’il avait déclaré cela au début, se justifie-t-il, c’est parce qu’il était violenté par les policiers. Chauffeur de taxi, Diégane Niane a aussi nié les faits. À l’en croire, ses coaccusés ont loué ses services. Ainsi, il n’a fait que les ramener à la Gueule Tapée. À l’image de leurs coaccusés, Seydou Kane alias Two-pak et Seydou Wade ont également opté pour la dénégation. Selon ce dernier, les téléphones qu’il détenait et qui ont facilité la géolocalisation ont été achetés.
Venue retracer le déroulement des faits, la caissière de Wafacash, Awa Camara a déclaré que les voleurs détenaient des armes à feu qu’ils leur ont pointé. «Ces individus sont venus à la banque vers 09h30mn. Ils m’ont attachée avec une corde blanche que Two-pack appelait collier. Le vigile a aussi été ligoté et enfermé dans les toilettes», accuse-t-elle.
Abdoulaye Thiaré, partie civile : «C’est l’homme de teint clair qui a tiré un coup de sommation. L’autre m’a ciblé mais j’ai échappé»
S’il y a une personne qui a de la chance, c’est le charretier Abdoulaye Thiaré. À leur sortie du Crédit mutuelle du Sénégal de Liberté 6, les braqueurs ont croisé le charretier qui les regardait d’un air pas du tout confiant. Ils s’en sont donc pris à lui en lui donnant un coup de feu mais la balle n’est pas entrée. C’est ainsi qu’ils ont ensuite infligé un coup à son cheval. « C’est l’homme de teint clair qui a tiré un coup de sommation. L’autre m’a ciblé mais j’y ai échappé », témoigne la partie civile. Poursuivant, il affirme avoir connu Diègane car il conduisait un clando. Mais, dit-il, il ne l’a pas vu au moment des faits. Pour toute cause de préjudice, Abdoulaye Thiaré a réclamé la somme de 5 millions de francs.
Prenant la parole pour ses réquisitoires, le représentant du parquet a estimé que si les malfrats ont tiré sur le charretier, c’est parce qu’ils ont soupçonné qu’il était au courant de leur manœuvre. Mais heureusement pour lui qu’il l’a échappé belle. Pour le procureur, outre les chefs d’accusations retenus contre eux, ils devaient également être poursuivis pour trouble à l’ordre public. « Les accusés n’ont pas mesuré la gravité de leur acte. Il faut sévir à la mesure de l’acte. La dénégation n’est qu’un acte de défense pour se tirer d’affaires », dit-il avant de requérir 20 ans de réclusion criminelle.
Pour l’avocat qui assurait la défense de Seydou Wade, son client a coopéré pour échapper aux sévices des policiers. D’après Me Tall, on ne peut pas se baser sur la déclaration de simple victime. Ainsi il a plaidé la relaxe pure et simple de son client. L’affaire est mise en délibéré au 3 mars prochain.