De passage à Saint-Dié-des-Vosges pour saluer ses proches, l’ancien défenseur du FC Metz, Kalidou Koulibaly, s’est confié sur le superbe parcours des Sénégalais à la Can, son besoin de vacances et sa situation à Naples, son club actuel… Entretien.
Vous semblez fatigué. Comment allez-vous ?
Entre la Coupe du monde, le Calcio, la Can derrière, depuis deux ans, j’ai dû avoir trois semaines de vacances. Je sors de treize mois de compétition. Mon club de Naples a repris, mais mes vacances ne commencent que maintenant. Le club m’a demandé de revenir le 4 août, mais ça risque d’être un peu juste.
Vous avez fait preuve d’une patience admirable avec tous ces gamins…
(Rires). C’est important pour moi. Et c’est normal. J’ai grandi ici, au milieu de toutes ces personnes. Je les connais depuis toujours, ils sont comme mes petits-frères, mes fils. Je connais plus des deux tiers des gens qui sont là. L’autre tiers, ce sont simplement des enfants qui sont nés après mon départ dont je ne connais pas le nom. Je n’en ai pas toujours le temps, mais quand je peux le faire, ça fait super plaisir. Mon frère (Seoudou, qui s’est improvisé DJ pour l’occasion), mon ami d’enfance Mohamadou (Ndiaye, coprésident des SR Saint-Dié Kellermann) me demandaient souvent quand je passerai dans le coin. J’ai décidé de venir voir mes parents et j’ai appris mardi soir qu’ils organisaient cela.
Que voyez-vous dans le regard de tous ces gamins ?
Je me vois moi ! Quand j’avais leur âge, je rêvais de rencontrer des footballeurs professionnels ou des personnes ayant réussi dans la vie. Je suis là aussi pour ça. Pour montrer qu’en venant de ce quartier, aucune porte n’est fermée. Que ce soit dans le domaine scolaire (Kalidou avait décroché son bac avec mention) ou dans le quotidien. Il faut juste avoir des pensées positives, croire en soi et travailler. Je veux leur livrer ce message et leur donner cet espoir.
Omar Daf, qui faisait partie du staff du Sénégal, évoque le travail comme l’explication majeure de votre réussite ?
Oui, parce que je pense sincèrement que je n’étais pas un joueur très talentueux à la base. Je suis parti de presque rien, mais j’ai toujours bossé. Tout s’est fait par étapes, d’abord devenir professionnel, aller en Belgique, puis à Naples, jouer la Coupe du monde, la Coupe d’Afrique des nations. J’ai toujours voulu prouver que j’avais le niveau et c’est cet acharnement dans le travail qui a payé.
Le fait de ne pas jouer la finale de la Can et que le Sénégal s’incline vous laisse-t-il encore de l’amertume ?
C’est dommage car au niveau Fifa, j’aurais joué cette finale (le règlement annule les avertissements au stade des demi-finales en Coupe du monde, contrairement à la Can). Mais il faut l’accepter, c’est le destin qui devait s’écrire comme cela. Mon équipe, mes frères sénégalais ont fait un super match. C’est dommage d’avoir perdu cette finale, mais il faut être sportif. L’Algérie a réalisé une superbe compétition et méritait aussi de gagner. Le sort en a décidé ainsi.
Vous connaissez les mœurs du football, votre nom va fleurir un peu partout jusqu’à la fin du mercato. Comment appréhendez-vous la chose ?
Je ne regarde pas tout ça, je ne lis pas non plus ce qui peut se dire. Les échos viennent la plupart du temps de mes amis. Ils savent que je n’aime pas trop évoquer mon futur. Je vis le moment présent, je ne prémédite rien. Les seules choses où je m’organise, en fait, c’est quand je suis sur le terrain. Je suis tranquille, je verrai bien ce que l’avenir me réservera. Le football est un plaisir pour moi, il faut qu’il le reste. Mon métier est une vraie passion, je sais que je suis chanceux, j’ai une bonne santé et c’est pour cela que je ne me prends jamais la tête avec tout ça. Je ne souhaite qu’une chose : donner des émotions aux gens comme ici ce soir (mercredi soir), jouer le football que j’aime, le football de haut niveau, que ce soit à Naples ou autre part. Jusqu’à preuve du contraire, aujourd’hui, c’est à Naples, je suis serein. J’aspire à passer mes vacances tranquillement.
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