C’est aujourd’hui la journée internationale des câlins, un véritable médicament pour les bébés et les plus grands, en luttant contre les effets délétères du stress. Les avez-vous déjà croisés sur un trottoir ou une place, ces drôles de bougres équipés d’une pancarte « free hugs », sourire au coin des lèvres et bras grands ouverts, prêts à vous enlacer ? Ces personnes délivrent des câlins gratuits aux inconnus dans la rue. Vous faites peut-être partie de ceux qui effectuent un repli stratégique ou traversent précipitamment la rue afin d’esquiver l’étreinte. Mais vous avez probablement tort.
Les câlins sont bons pour la santé, celle des grands et des petits et même des tout-petits. La journée mondiale consacrée à ce geste d’affection est une bonne occasion de le rappeler. Dans les services de néonatalogie, le câlin devient un véritable traitement. Les petites « crevettes » mises en couveuse de longues semaines pourraient en profiter très tôt, dès l’accouchement.
Le peau à peau
Ce câlin porte un nom particulier : le peau-à-peau, aussi appelé « méthode kangourou ». Comme son nom l’indique, ce câlin consiste à porter le nouveau-né sur le torse de la mère ou du père, à même sa peau. Les scientifiques ont évalué les bienfaits réels de ce contact chaleureux. Dans une étude publiée dans la revue Pediatrics, ils ont montré que les enfants prématurés ayant bénéficié du « peau-à-peau » avaient deux fois plus de chances d’atteindre leur 20e anniversaire que ceux qui n’ont reçu que les soins standard. De plus, à l’âge adulte, ils étaient moins agressifs, impulsifs, hyperactifs ou stressés que leurs camarades ; ils présentaient également un volume cérébral plus important que les autres, signe d’un bon développement du cerveau.
De fait, la câlinothérapie, phénomène tout récent et très à la mode, ne repose pas seulement sur l’intuition selon laquelle recevoir de la tendresse d’autrui a un impact positif sur la santé mentale et physique. C’est un fait scientifiquement établi.
L’amitié des rats
Une étude publiée dans la revue Neuropsychopharmacology montre que les amitiés masculines et les manifestations de celles-ci (générosité, affection…) permettent de lutter contre le stress en contrant ses effets physiologiques. L’expérience a été menée sur deux rongeurs masculins exposés à un stress modéré, isolés et enfermés pendant plusieurs heures. Une fois réunis, après avoir subi cette situation angoissante, les deux compères avaient tendance à socialiser fortement, à partager leur repas et à manifester des gestes d’affection assimilables à des câlins.
Leurs taux d’ocytocine ont été relevés au cours de l’expérience. Ce composé chimique, communément appelé « hormone du plaisir », est associé à de nombreux comportements sociaux comme l’empathie ou la reconnaissance sociale. Lorsque les rats se retrouvaient ensemble après leur détention, son taux augmentait. Un cercle vertueux semblait s’installer : les interactions sociales faisaient baisser leur niveau de stress, ce qui, par la suite, favorisait les interactions sociales.
Des câlins contre les traumatismes
Si dans la littérature, l’efficacité du câlin dans le traitement du stress reste malgré tout peu documentée, sur le terrain, cette méthode douce semble faire ses preuves, notamment grâce aux animaux que de nombreux humains se plaisent à cajoler. Ils interviennent également auprès des enfants hyperactifs, des patients et des personnes âgées, dont ils améliorent la santé à coup de papouilles, caresses et gros câlins.
Dr Jean-François Lemoine