Jour historique pour la Finlande, dimanche 15 mai : elle met fin à sa très ancienne politique de neutralité extérieure et choisit de rejoindre l’Otan à la suite de la guerre en Ukraine. Sa voisine, la Suède, a de très fortes chances de suivre le même chemin.
Il n’est pas certain que cette décision historique conduise sans encombre la Finlande à l’appartenance à l’Otan, car quelques obstacles pourraient survenir, relève notre correspondant à Bruxelles Pierre Benazet. La candidature à l’Otan doit maintenant être approuvée par le Parlement finlandais, ce qui n’est pas un véritable problème. Mais ce doit être fait afin de pouvoir formellement envoyer une lettre de candidature à l’Alliance atlantique. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’Otan commencera à examiner cette candidature, que la Finlande croyait sans encombre, puisqu’elle est politiquement proche des 30 pays alliés et que son armée est totalement interopérable avec les armées de l’Alliance.
Mais c’était compter sans la Turquie, qui a continué à émettre des doutes ce dimanche. « Évidemment, notre intérêt serait que le processus de ratification soit le plus bref possible et qu’il se produise de manière fluide, a déclaré la Première ministre finlandaise, Sanna Marin. Nous n’avions eu aucune indication à l’Otan qu’il y aurait des problèmes pour la candidature de la Finlande ou de la Suède, et puis nous voyons ces déclarations sur des questions qui subsistent. Il est important que nous ayons des discussions avec ces pays de manière calme, pour débattre des problèmes qu’il pourrait y avoir. »
Le ministre turc des Affaires étrangères a précisé que la Turquie voyait la candidature de la Finlande à l’Otan d’un œil plus favorable que celle de la Suède. Mais cela n’a rien pour rassurer les Finlandais, qui veulent une adhésion simultanée à celle des Suédois.
Les Parlements finlandais et suédois travaillent ce lundi sur les candidatures des deux pays nordiques à l’Otan, avec de larges majorités assurées dans les deux chambres. L’Eduskunta, le Parlement finlandais, a entamé une session marathon pour examiner la candidature présentée officiellement hier par l’exécutif, avant un vote qui interviendra au plus tôt mardi. Selon les derniers pointages des médias finlandais, au moins 85% des 200 élus vont voter oui à la candidature à l’Otan.
Le Parlement suédois se réunit, lui, à partir du milieu de la matinée avec une allocution de la Première ministre sociale-démocrate Magdalena Andersson, suivie des chefs des partis parlementaires. Avec la bascule historique du parti social-démocrate au pouvoir dimanche, six des huit partis au Parlement sont désormais en faveur d’une adhésion, représentant une majorité théorique de 304 députés sur un total de 349.
Un processus laborieux
Le secrétaire général de l’Otan a promis d’accueillir ces deux nouveaux membres à bras ouverts, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Car l’entrée dans l’Otan est un processus très codifié qui se prépare étape par étape, rappelle Vincent Souriau du service international de RFI.
Le dernier entrant, c’est la Macédoine du Nord, qui a bouclé son processus d’adhésion le 27 mars 2020. Il aura fallu un an pour que tout fonctionne. D’abord, il faut convaincre tous les États membres à l’unanimité : les 30 pays de l’Otan doivent inviter de manière formelle la Finlande et la Suède à rejoindre l’organisation. Ensuite ont lieu plusieurs réunions à Bruxelles, une sorte de grand oral où les postulants livrent leur profession de foi : « Oui, nous nous engageons en faveur de l’État de droit, nous promouvons les droits de l’homme et le contrôle démocratique des forces armées, et nous sommes prêts à modifier notre législation pour faciliter la coopération militaire internationale. »
Il y a aussi le chapitre économique, car chaque membre, en fonction de sa taille, doit contribuer au budget commun de l’Alliance. Au bout du chemin, la Finlande et la Suède devront attendre que chacun des États membres ratifie leur protocole d’adhésion. Que se passera-t-il si, entre-temps, la situation se dégrade ? L’Otan promet de renforcer ce qu’elle appelle les « garanties de sécurité » déjà en vigueur, pour rassurer Stockholm et Helsinki d’ici à leur intégration définitive.
rfi