Charles Michel censuré par la Chine: le discours du président du Conseil de l’UE n’a finalement pas été diffusé lors du grand salon commercial qui se tient en ce moment à Shanghai. C’est la deuxième fois cette semaine que des propos condamnant l’invasion de l’Ukraine tenus par des Européens sont coupés en Chine.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Les propos ne sont pas passés, ni à la cinquième foire des importations de Shanghai, ni lors de la COP14 de Wuhan, la capitale de la province chinoise centrale du Hubei. Et à chaque fois, la censure a porté sur la solidarité des Européens à l’égard de l’Ukraine.
« La Chine a un rôle à jouer et peut utiliser de son influence pour arrêter la guerre brutale de la Russie », déclarait ainsi Charles Michel, le président du Conseil européen, dans son message préenregistré, dans une citation rapportée par Reuters.
Discours envoyés à l’avance
La partie chinoise aurait demandé de couper le passage et le Conseil de l’Europe a refusé : finalement tout le discours a été annulé, dont une autre partie consacrée à la réduction de la dépendance de l’Europe au marché chinois, fait savoir le correspondant du South China Morning Post à Bruxelles. Pour la COP14, Jean-Yves Roux ne s’est aperçu de la censure qu’après son allocution. Les coups de ciseaux ont été effectués pendant la traduction simultanée, alors que le consul général de France à Wuhan était en train de s’exprimer.
Comme les autres intervenants, ce dernier s’était vu demander son discours à l’avance. Les traducteurs ont remplacé les déclarations sur l’Ukraine par des propos anodins, relève Le Monde. Même chose pour l’ambassadrice de Slovénie qui s’exprimait depuis Genève, où se poursuivent les travaux de la COP14 jusqu’à dimanche.
Censure sur l’Ukraine et l’origine du Covid-19
Cette censure n’est pas nouvelle, mais pendant longtemps, elle était restée à usage interne. Les censeurs chinois se contentaient d’interdire la reprise de certains passages des discours par les médias d’État et plaçaient un bandeau sur l’écran et/ou coupaient le son lors de retransmissions de ces mêmes discours par les médias étrangers non censurés en Chine.
Cette fois, visiblement, la consigne a été donnée de lisser la propagande sur l’Ukraine et surtout sur la Russie, alliée de la Chine, y compris dans les communications des parties tierces. À Pékin, lors d’un point presse régulier où se trouvait l’AFP, le porte-parole de la diplomatie chinoise a botté en touche. Devant les journalistes, Zhao Lijian a nié toute connaissance de l’affaire.
Cet incident montre aussi que la diplomatie chinoise ne laisse rien passer. En mai 2020, l’UE avait publiquement reproché à son ambassadeur à Pékin, d’avoir autorisé, à la demande du ministère chinois des Affaires étrangères, la censure chinoise d’une lettre ouverte signée par des envoyés de l’UE, dont une référence au fait que le Covid-19 soit originaire de Chine.