Renforcer la compétitivité européenne, l’enjeu est au programme des députés européens ce mercredi 18 janvier à Strasbourg. Une compétitivité malmenée par la crise énergétique liée à la guerre et par les mesures protectrices des grandes puissances rivales qui font craindre des délocalisations massives, et des fermetures d’entreprises. Et les députés s’accordent sur une chose: l’urgence d’une réponse de l’exécutif européen.
Venu débattre avec les députés, le commissaire européen à l’Industrie, Thierry Breton, rappelle qu’à la crise énergétique et à l’inflation qui frappe durement les entreprises européennes, s’est ajouté un autre défi: « La loi américaine sur la reddition de l’inflation est bien sûr au centre de toutes les préoccupations. Mais ne nous y trompons pas, la Chine, elle aussi, encourage les entreprises à forte intensité énergétique à délocaliser, en leur promettant un accès à une électricité bon marché, à un environnement réglementaire moins strict qu’en Europe. »
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déjà réaffirmé mardi 17 janvier à Davos son projet de « fonds de souveraineté européen » pour soutenir l’industrie de l’UE face aux aides d’État chinoises et américaines. Ce fonds viendrait compléter une série de mesures envisagées, notamment un nouvel assouplissement temporaire et ciblé des règles limitant les aides d’État qui, sans mesures d’accompagnement, risquerait de fragmenter le marché unique.
Cet assouplissement, en ouvrant les vannes des subventions nationales, profiterait essentiellement aux grands pays riches comme l’Allemagne et la France qui seraient en mesure de favoriser leurs entreprises au détriment de celles des autres pays, une concurrence déloyale que Bruxelles assure vouloir écarter.
Des propositions de soutien à l’industrie européenne d’ici à fin janvier
Il y a urgence à agir pour que l’Europe ne dépende plus, par exemple, de l’Inde pour le paracétamol ou de la Chine pour ses panneaux photovoltaïques, estime la députée Valérie Hayer du groupe Renaissance qui rappelle les priorités de son groupe centriste: « Faciliter, rendre flexibles les aides d’État pour autoriser davantage les subventions des États, mais cela ne suffira pas puisque tous les États membres n’ont pas les mêmes moyens. Donc, il faut utiliser les leviers budgétaires européens que l’on a. Il y a par exemple 220 milliards d’euros d’argent de plan de relance européen qui n’ont pas été utilisés en tant que prêt, il faut les utiliser. Et à mon sens, on ne fera pas l’économie d’un nouveau fond qui sera alimenté par un nouvel emprunt en commun. » En commun, car les 27 n’ont pas tous les mêmes moyens pour faire face à la crise, rappelle notre envoyée spéciale à Strasbourg, Juliette Gheerbrant.
Et l’idée d’un tel fonds de souveraineté européen, reposant sur des financements mutualisés à l’échelle de l’UE, avait déjà été formulée par Ursula von der Leyen mais se heurte à l’hostilité de plusieurs pays membres, dont l’Allemagne, des contributeurs nets au budget européen inquiets de voir encore enfler leur facture.
Ursula von der Leyen doit présenter d’ici à fin janvier ses propositions de soutien à l’industrie européenne, avant un sommet européen des chefs d’État et de gouvernement les 9 et 10 février.