Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, ont refusé d’enquêter sur la situation de la minorité musulmane ouïghoure dans la région chinoise du Xinjiang, la Chine n’étant pas membre de la CPI, selon un rapport publié lundi 14 décembre .
Le bureau de la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda, a expliqué que s’agissant de faits commis en territoire chinois et la Chine n’étant pas signataire du traité de Rome qui a créé la CPI en 2002, une telle enquête était impossible. Cette condition préalable à l’exercice de la juridiction territoriale de la Cour ne semble pas réunie en ce qui concerne la majorité des cas présentés» par des membres de la communauté ouïghoure en exil, a fait valoir le bureau de la procureure dans son rapport. En outre, en ce qui concerne des déportations forcées de populations ouïghoures vers la Chine en provenance du Tadjikistan et du Cambodge dénoncées par la communauté ouïghoure, le bureau de la procureure a estimé qu’«il n’y avait pas à ce stade d’éléments suffisants» pour lancer des enquêtes.
Les membres de la communauté ouïghoure en exil estimaient eux que le Tadjikistan et le Cambodge étant parties au traité de Rome et les faits s’étant déroulés sur leurs territoires, la CPI pouvait lancer des enquêtes sur ces déportations dénoncées. Les Ouïghours constituent le principal groupe ethnique du Xinjiang, une immense région de la Chine qui a notamment des frontières communes avec l’Afghanistan et le Pakistan. Régulièrement frappée par des attentats meurtriers, attribués par Pékin à des séparatistes ou des islamistes ouïghours, la région est sous haute surveillance policière.
Plus d’un million de personnes, principalement musulmanes, y ont été internées dans des «camps», accusent des organisations de défense des droits de l’Homme. La Chine affirme qu’il s’agit de «centres de formation professionnelle», destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi l’éloigner de l’extrémisme religieux.