Dans une décision en date du 29 mars 2022, rendue publique, le CNRA a demandé à la SEN TV et la ZIK FM d’interdire à Ahmed AIDARA d’assurer l’animation de la revue de presse. Aucune disposition de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006, ne permet au CNRA de demander à un groupe de presse d’interdire à un journaliste d’animer une émission. C’est une violation extrêmement grave de l’esprit et de la lettre de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006, portant création du CNRA, et une atteinte intolérable et inacceptable à la liberté de la presse. Le second alinéa de l’article 26 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006 dispose « qu’en cas d’inobservation de la mise en demeure, le CNRA peut prendre une sanction qui peut consister en la suspension totale ou partielle d’un programme ».
Primo, la loi ne vise pas un journaliste, mais un programme. C’est clair, net et précis : le CNRA peut (c’est une faculté,) après mise en demeure, prendre une décision pour une suspension totale ou partielle d’un programme. En revanche, Il n’a aucun pouvoir d’interférer dans la décision souveraine d’un groupe de presse de choisir en toute liberté le ou les journalistes devant animer une émission. La gestion des ressources humaines ou l’organisation interne des médias n’est pas du ressort du CNRA.
Secundo, les supposés manquements d’Ahmed AIDARA aux principes d’objectivité, de neutralité, d’équité et d’équilibre, ne sont nullement prouvés. En effet, dans le cadre de la revue de presse, cette preuve est impossible à rapporter. Car, pour une revue de presse, il n’y a aucune place pour la subjectivité. Ahmed AIDARA se contente tout simplement de reprendre les titres de la presse, tels quels, sans parti-pris, ni déformation. Il n’émet aucune opinion personnelle. D’ailleurs ce n’est pas lui qui détermine les titres et le contenu des journaux du Témoin, de Sud Quotidien, de l’Observateur, de la Tribune ou d’un quelconque média. Par conséquent, les arguments avancés par le CNRA, liés à un manque d’objectivité sont infondés, fallacieux, illégaux et totalement irrecevables. Il est surprenant qu’un organe de régulation de l’audiovisuel puisse ignorer à ce point, le sens et la portée de la revue de presse, au point de se muer en un organe de censure (bras armé de Macky).
Tertio, le CNRA qui est un organe inutile, avec à sa tête, Babacar DIAGNE, un homme sans conviction qui a traversé tous les régimes (de Diouf à Macky) et bouffé à tous les râteliers, devrait d’abord balayer devant sa propre porte, avant de parler de réglementation à un quelconque média. Car, cet organe moribond est le 1er à violer la loi (ses textes) qu’il se targue de rappeler aux autres :
Article 15 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006 : Le CNRA supervise une émission programmée toutes les deux semaines, séparément à la Radio et à la Télévision publiques. Cette émission est réservée aux partis politiques légalement constitués pour leur permettre d’évoquer les questions d’actualité nationale et internationale sous forme de débats contradictoires,
Article 17 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006 – Le CNRA peut être saisi de toute violation des dispositions législatives et réglementaires réagissant les médias audiovisuels ainsi que l’accès équitable des partis politiques, des syndicats et des organisations reconnues de la société civile aux médias d’Etat. Il peut également se saisir de toute question relevant de sa compétence et en délibérer.
Le CNRA n’a jamais supervisé une émission tous les 15 jours entre le pouvoir et l’opposition à la RTS et à la radio, pas plus qu’elle n’a garanti l’accès équitable des partis politiques aux médias d’état. Le CNRA a constamment violé la loi (art 15 et 17) et gravement failli à sa mission fondamentale qui est de veiller au pluralisme et au respect de l’équilibre dans le traitement de l’information. De fait, le CNRA est devenu un simple outil au service du pouvoir exécutif pour museler certains médias ciblés. Ses délibérations sont sélectives, arbitraires, et visent presque systématiquement et de manière récurrente, soit le Groupe D-Média, soit le Groupe WALF. Comme par hasard !
Conclusion
La décision du CNRA demandant au Groupe D-MEDIA d’interdire à Ahmed AIDARA d’assurer l’animation d’une émission (revue de presse) est illégale, et ne repose sur aucun fondement juridique. Les articles de loi visés dans la décision rendue publique ont pour unique objet de donner l’impression que le CNRA agit en conformité avec les textes (un semblant de légalité), alors qu’il n’en est rien. Par ailleurs, cette mesure constitue un précédent dangereux et une atteinte extrêmement grave à la liberté de presse. Dans une revue de presse, le journaliste se contente simplement de reprendre les titres ou les articles de la presse, tels quels. La mission du CNRA n’est pas d’organiser une police de la pensée. Dans le cadre de Ia revue de presse, il appartient aux auditeurs de se faire leur propre opinion.
Aux termes du dernier alinéa de l’article 26 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006, « les décisions du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel portant sanction peuvent faire l’objet d’un recours en annulation ou d’une demande de sursis à exécution devant le Conseil d’Etat (actuel Cour suprême, même si ce recours n’est pas suspensif ». Il est évident que devant la chambre administrative de la Cour suprême, le CNRA sera dans l’incapacité totales d’apporter les preuves concernant les supposés manquements d’Ahmed AIDARA aux principes d’objectivité, de neutralité, d’équité et d’équilibre, relatifs au traitement de l’information, dans le cadre d’une simple revue des titres de la presse.
Le CNRA comprend 9 membres nommés par le Président de la République (article 3 de la loi la loi 2006-04 du 04 janvier 2006). Toutefois, la loi a fixé des critères précis quant au choix des membres. En effet, à part, le Président de l’organe, tous les 8 autres membres doivent être issus d’un corps socio professionnel déterminé :
Le Président de l’Institution ;
Un membre issu des mouvements des associations féminines ;
Un membre issu du milieu des professionnels de la communication audiovisuelle ;
Une personnalité qualifiée du milieu des arts ;
Une personnalité qualifiée du milieu des lettres ;
Un membre issu de la communauté universitaire ;
Un membre issu des mouvements des droits de l’homme ;
Un membre issu du Conseil National de la jeunesse ;
Un membre issu des associations de personnes du Troisième Age.
Le Groupe D-MEDIA doit vérifier, les noms des membres signataires la décision du 29 mars 2022 afin de s’assurer que chaque membre présent remplit les critères et le statut exigés par la loi (par exemple, un membre doit être issu du conseil national de la jeunesse, et un autre doit être issu des associations de personnes du troisième âge, etc…).