La démocrate Pelosi élue à la tête de la Chambre des représentants

Le 116e Congrès américain a fait sa rentrée jeudi sur fond de blocage budgétaire. Depuis le 22 décembre dernier, l’administration fédérale est partiellement à l’arrêt faute d’accord entre les démocrates et les républicains. A la Chambre des représentants désormais aux mains des démocrates, Nancy Pelosi retrouve le perchoir. Un poste qu’elle avait déjà occupé entre 2007 et 2011 lorsqu’elle était devenue la première femme à occuper le siège du troisième personnage de l’Etat.

Avec notre correspondante à Washington,  Anne Corpet

L’élection de Nancy Pelosi à la tête de la Chambre était verrouillée depuis des semaines. A 78 ans, la représentante de Californie a surmonté avec habileté la fronde de l’aile gauche du parti démocrate qui espérait une direction rajeunie.

Nancy Pelosi va présider une assemblée qui n’a jamais été aussi féminine, et où les minorités sont mieux représentées.

Un « moment historique »

Dans son premier discours, elle a d’emblée réaffirmé son pouvoir face à la Maison Blanche : « Notre nation est à un moment historique. Il y a deux mois le peuple américain a parlé et demandé une aube nouvelle. Il a fait appel à la beauté de notre Constitution, se souvenant que la branche législative est, selon l’article 1, la première branche du gouvernement, égale à la présidence et au système judiciaire ».

La Chambre des représentants devra composer avec la Maison Blanche et un Sénat républicain. « Nous ne nous faisons pas d’illusions, notre travail ne sera pas facile » a reconnu Nancy Pelosi.

La dirigeante démocrate a promis de lutter contre le réchauffement climatique, et le déni de la science. Mais, fine politique, Nancy Pelosi a aussi évoqué plusieurs projets qu’elle entend porter et qui recueillent l’assentiment de la Maison Blanche.

Deux mesures votées

La nouvelle majorité démocrate à la Chambre des représentants a voté, jeudi 3 janvier, deux mesures pour tenter de sortir de l’impasse budgétaire qui paralyse une partie des administrations américaines. Cependant, sans le soutien de Donald Trump, qui exige un mur à la frontière mexicaine, elles risquent de ne pas passer le Sénat.


■ Les félicitations de Trump

Le président américain devra composer avec une adversaire qu’il a souvent moquée, mais qu’il s’est abstenu de critiquer depuis les élections de mi-mandat. Donald Trump a d’ailleurs félicité la nouvelle speaker lors d’une apparition imprévue dans la salle de presse de la Maison Blanche.

Présenté comme un invité spécial le président est apparu sans prévenir. C’est la première fois que Donald Trump montait sur l’estrade de la petite la salle de presse de la Maison Blanche. Les journalistes ont été convoqués à la dernière minute, alors que tous les médias avaient les yeux braqués sur le Congrès et les nouveaux élus démocrates. Donald Trump se dit prêt à coopérer avec les démocrates, mais reste obnubilé par son mur à la frontière. « Je voulais juste commencer par féliciter Nancy Pelosi qui a été élue speaker à la chambre. C’est un très bel accomplissement et j’espère que nous allons travailler ensemble, nous allons réaliser beaucoup de choses, comme les infrastructures, je sais que cela lui tient à cœur et à moi aussi.  Donc, je félicite Nancy et je voulais aussi dire quelques mots sur le mur. Vous pouvez l’appeler une barrière ou ce que vous voulez. Mais nous avons besoin de protéger notre pays. Nous allons le faire pour de bon, le peuple le veut. Sans mur nous ne pouvons pas assurer la sécurité à la frontière. »

Le président américain est ressorti sans répondre aux questions. Sa déclaration laisse en tous cas penser que la paralysie de l’administration fédérale va se poursuivre au moins quelques jours. Les Démocrates sont en effet résolus à ne pas voter le financement du mur auquel il tient tant. Le président va devoir apprendre à composer avec un Congrès divisé, où il ne détient plus l’entière majorité.

 

Rfi