La hausse du prix de l’électricité à hauteur de 10% est jugée nécessaire par l’Etat et ses alliés tandis que la Société civile et beaucoup de mouvements de jeunes la juge anormale. Elle serait consécutive à une flambée du prix du baril du pétrole. La constante, c’est qu’au Sénégal, la question de l’électricité a toujours été problématique. Elle met le feu aux poudres, crée des tensions sociales et peut aller jusqu’à électrocuter des pouvoirs ou de hautes personnalités. De Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Abdoulaye Wade, PressAfrik tente une lecture et une analyse qui pourrait éclairer la lanterne de l’opinion.
L’électricité est vitale pour une économie et les populations. Toutefois, sa mauvaise gestion peut s’avérer explosive pour des chefs d’Etats. Des années 90 à maintenant, des pouvoirs ont tremblé du fait de mouvements et d’émeutes relativement aux coupures, délestages ou hausse du prix de l’électricité.
En effet, à la fin des années 1990, les difficultés d’approvisionnement et le coût de l’énergie au Sénégal avaient suscité une série de mouvements sociaux, de contestations et de mobilisations collectives. Ainsi des pans de la population notamment des membres de la société civile et plus particulièrement la jeunesse urbaine ont investi la rue et créé un véritable rapport de force.
Jean-François Haward, maître de conférences en Sciences politiques à l’Université de Haute-Alsace Bâtiment en France a ainsi travaillé ces tensions. Selon ses analyses, «le régime socialiste était alors à bout de souffle après 40 ans d’exercice du pouvoir, ceci dans un contexte social extrêmement difficile, après la dévaluation du franc CFA en 1994».
Or, c’est justement pour s’opposer à la privatisation de la SENELEC (Société Nationale d’Électricité du Sénégal) que le SUTELEC (Syndicat Unique des Travailleurs de l’Électricité), alors dirigé par Mademba Sock, engagea un mouvement de grève, dit «grève du zèle». «Un mouvement qui a porté sur le boycottage des heures supplémentaires, des cumuls de postes et des réparations en cas de panne…, lequel avait plongé le Sénégal dans le noir, et rappeler le précédent mouvement de contestation similaire de 1992, précise Haward.
Le chercheur français de rappeler que « Mademba Sock et 26 de ses camarades du SUTELEC, furent alors accusés de « sabotage », puis arrêtés et placés sous mandat de dépôt le 20 juillet 1998. Bref, s’en suivirent plusieurs mois de mobilisations pour la libération et la réintégration des syndicalistes engagés dans cette lutte. Mademba Sock sera, pour sa part, libéré le 22 janvier 1999, après six mois d’emprisonnement.
Les mouvements sociaux et les tensions politiques de l’époque qui ne cessaient de s’exacerber ont beaucoup contribué à la descente aux enfers du pouvoir de Abdou Diouf. Face à une forte volonté des populations mais surtout l’unité de l’opposition aidant, Le régime socialiste avait été envoyé au second tour et battu par Abdoulaye Wade gonflé à bloc.
PRESSAFRIK