Evelyn Hernandez a été acquittée lundi 19 août du meurtre de son bébé mort-né. Une peine de 40 ans de prison avait été requise à son encontre.
Evelyn Hernandez va pouvoir rentrer chez elle. Après 33 mois de détention préventive, cette jeune Salvadorienne de 21 ans a été acquittée des charges d’homicide aggravé par négligence qui pesaient contre elle.
« Je suis heureuse », a déclaré la jeune femme en sortant du tribunal de Ciudad Delgado, au nord-est de San Salvador, la capitale.
Accusée d’avoir tué son bébé nouveau-né et condamnée une première fois à 30 ans de prison en juillet 2017, elle a toujours clamé son innocence. Le 6 avril 2016, la jeune femme, alors adolescente, avait donné naissance à un bébé dans des toilettes. Transférée à l’hôpital de la ville de Cojutepeque, elle avait été arrêtée et accusée d’homicide. Evelyn Hernandez a toujours clamé son innocence et assuré que son bébé était mort-né.
« Attention, la lutte féministe avance en Amérique latine »
Une centaine de femmes rassemblées devant le palais de justice ont laissé éclater leur joie à l’annonce de la décision : « Attention, attention, la lutte féministe avance en Amérique latine », ont-elles scandé. « Grâce à Dieu, justice a été rendue. Je vous remercie aussi vous toutes qui êtes venues ici », a déclaré Evelyn Hernandez.
L’accusation avait réclamé 40 ans de prison, dans l’un des pays où la législation anti-IVG est la plus stricte du monde. Le parquet a dix jours pour faire appel du jugement.
Au Salvador, au Nicaragua et au Honduras, interdiction totale d’avorter
Son avocat, Arnau Baulenas espère que cet acquittement ouvrira la voie à un changement dans la législation nationale. « Ce n’est que justice, après une profonde injustice qui a duré très longtemps. On ne peut pas criminaliser des personnes qui ont un accouchement difficile ou qui se sont vu refuser un accès aux soins, des personnes qui, de par leurs conditions de vie, n’avaient pas accès à des services basiques, pour qui l’hôpital le plus proche était très loin,plaide-t-il. Par conséquent, on ne peut pas présupposer, dans le cas d’Evelyn, qu’il y a toujours un hôpital à proximité, que quand elle arrive dans un centre médical il y a toujours quelqu’un pour la prendre en charge. Par ailleurs, on ne pas non plus présupposer que toutes les femmes savent quand elles sont enceintes ou quand elles vont accoucher. C’est ce que cette affaire met en évidence. Et tout cela a entraîné une violation des droits humains d’Evelyn. Je rappelle qu’elle a passé presque trois ans en détention préventive, privée de liberté. Je pense que tout cela devrait être un espoir pour un changement dans le système judiciaire et dans la persécution à laquelle se livrent les autorités. Donc pour nous c’est véritable victoire, et un acte de justice. »
Rfi