La libération, la semaine dernière, de plusieurs otages étrangers et du chef de l’opposition au Mali, en contrepartie de l’élargissement de quelque 200 prisonniers djihadistes, a été “payée cher”, estime le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, dans une interview à France 24 et RFI diffusée jeudi.
Une libération chère
“La contrepartie a été chère”, déclare, tout en saluant la libération des otages, M. Kaboré, qui affirme n’avoir “pas du tout” été au courant des tractations, notamment de la libération du cerveau présumé de l’attaque djihadiste de 2016 à Ouagadougou. “On a suivi les événements comme tout le monde, c’est le Mali qui a décidé de pouvoir gérer cette situation”, “c’est une négociation entre l’Etat malien et le camp des preneurs d’otages”, selon le président burkinabè.
La bataille contre les djihadistes presque gagnée au BF
Il a par ailleurs estimé que les forces de défense et de sécurité étaient en train de gagner le combat contre les groupes djihadistes au Burkina Faso, et que l’armée française n’intervenait que pour des “opérations à caractère ponctuel”. M. Kabore a dans le même temps reconnu qu’une vingtaine de personnes ont été tuées dans une nouvelle série d’attaques djihadistes dans le nord du Burkina mercredi.
Réponse sur les exactions contre les civils
Interrogé sur les exactions contre des civils burkinabè attribuées aux forces de l’ordre ou à des milices de volontaires aidant l’armée, il a notamment démenti Human Rights Watch sur le massacre de 180 civils à Djibo, et justifié l’emploi de supplétifs. “L’armée ne peut pas être déployée sur 8.000 villages en même temps“, a-t-il estimé. Frontalier du Mali et du Niger, le Burkina Faso est le théâtre d’attaques djihadistes régulières depuis 2015.
Des centaines de personnes ont été tuées cette année dans des dizaines d’attaques visant des civils. Les violences djihadistes, mêlées à des conflits intercommunautaires, avaient fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU.