Ce vendredi 27 décembre est entrée en vigueur au Chili une nouvelle loi sur « l’identité de genre », promulguée en 2018 après 5 ans de débats au Congrès. Elle permet à toute personne de changer officiellement de sexe sur sa carte d’identité, dès l’âge de 14 ans.
Plus de 900 au total devraient effectuer la démarche dans les prochains jours. Le ministre chilien de la Justice a salué une « étape historique » pour le pays, qui a « reconnu la situation que vivent de nombreuses personnes ».
« Aujourd’hui, ils peuvent faire valoir leur droit à avoir l’identité de genre que leur conscience réclame, s’est félicité Hernan Larrain. Beaucoup de gens qui souffraient d’un manque d’avancement, de discriminations, peuvent aujourd’hui se sentir maîtres d’eux-mêmes, grâce à la possibilité de changer de sexe et de nom dans les registres de l’État civil. »
Le ministre a expliqué que les mineurs désirant faire la démarche devaient néanmoins avoir l’accord de leurs parents. « Les personnes qui ont entre 14 et 18 ans doivent passer par un processus judiciaire auprès des Affaires familiales avec leurs parents. Avant 14 ans, il n’est pas encore possible d’exercer ce droit. »
Pour les plus jeunes, le gouvernement prévoit un « accompagnement ». « L’État est bien conscient du fait que le problème peut exister chez les filles et les garçons de 6, 8 ou 10 ans, il a donc mis en place un accompagnement pour parer les difficultés qu’ils peuvent rencontrer par exemple en milieu scolaire, afin que même sans changement de sexe sur leur État civil, la situation de ses garçons et de ces enfants puisse être prise en compte. »
Une loi incomplète pour les militants
Du côté des associations, il y a un sentiment de satisfaction mais aussi beaucoup d’attentes. « C’est quelque chose de totalement innovant, une nouvelle façon de voir le monde, un changement radical, estime Franco Fuico, coordinateur des politiques publiques de la législation au sein de l’organisation Trans diversité Chili. Mais il manque encore des articles à cette loi, pour qu’elle s’applique aux enfants, aux adolescents, garçons et filles. Que toutes et tous puissent réclamer de façon autonome une nouvelle identité, sans attendre l’autorisation des parents. »
Mais Franco Fuico considère aussi que l’Etat doit mettre en place « une réparation du préjudice subi due à la négligence des autorités qui n’ont jamais admis qu’il y avait un déséquilibre, une inégalité par entre les personnes. »
Faciliter la vie
Noah Lopez, qui compte bien faire la démarche, savoure aujourd’hui sa victoire. « Cela va grandement me faciliter la vie, je vais avoir ce droit à l’identité qui m’était jusqu’ici refusé. C’est pas un cadeau, c’est seulement un droit humain auquel on va enfin pouvoir accéder grâce à ce changement. Même si tout le monde n’est pas encore tout à fait concerné. »
Si Noah Lopez est « très content », le combat continue pour améliorer les choses. « Cela va nous aider à continuer la lutte pour compléter la loi car il manque des choses. Les autorités doivent s’occuper de la prise en charge, nous n’avons jamais dit que ce serait facile mais nous avons perdu des années et des années pour accéder à nos droits. Jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement ne nous avait jamais facilité les choses. »
rfi