La mutuelle de crédit poursuit un politicien du parti au pouvoir établi à Yeumbeul, du nom de Serigne Mamadou Moustapha Gueye. Ce dernier, selon la banque, s’était porté garant de 24 grou- pements féminins qui ont par la suite rencontré des difficultés financières pour rembourser. Ce qui justifie la plainte de la mutuelle de crédit à l’endroit du jeune politicien. L’affaire est mise en délibéré pour le 23 mars prochain.
Pourquoi Pamecas a-t-elle décidé de porter une affaire civile au niveau de la barre du tribunal pénal ? C’est la question qui était sur toutes les lèvres des robes noires présentes lors de l’audience d’hier au tri- bunal de Pikine-Guédiawaye. Serigne Mamadou Moustapha Gueye qui veut élargir sa base politique à Thiaroye Yeumbeul a décidé de faire les choses en grand et im- pressionner d’autres femmes qui viendront adhérer à son mouvement.
Pour se faire, il fait appel à la mutuelle de crédit Pamecas pour financer ses groupements féminins au nombre de vingt- quatre (24). Ainsi l’institution financière décaisse la somme de cinquante (50) millions FCFA au profit de ces femmes en raison de 100 milles FCFA par personne. En plus des bénéficiaires devra reverser à la banque la somme de 120 milles FCFA en plus de 15 milles francs en guise de caution., soit au total 135 milles FCFA.
Ainsi un contrat fut signé entre chacune des bénéficiaires et la banque. Pour sécuriser davantage son investissement, Pamecas, fait signer une convention au responsable moral, à savoir le prévenu pour qu’en cas de non rembour- sement, c’est lui qui se porterait garant et payerait à la place des bénéficiaires. « C’est en tout état de cause que le Serigne Mamadou Moustapha Gueye a paraphé la convention qui le lie à la banque » a soutenu Bernard Waly Faye superviseur des recouvrements au sein de Pamecas. Le prévenu soutiendra qu’il a signé des documents sans en connaître le contenu.
À en croire la première susnommée, elle n’a jamais remis de l’argent au mis en cause et reversait directement ses kopecks chez Mbène Thiam mais reconnait-elle « on se regroupait chez le prévenu lors des versements ».
L’avocate de la partie civile Me Ndoumbé Wone croit que ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve confrontée à un même dossier que le procureur.
« On ne saurait contester le caractère délic- tueux des faits. Pamecas dit dans sa politique qu’il va dans la banlieue pour aider les groupements féminins.
Pour ce faire il faut des personnes morales qui cautionnent les femmes … Il y a une fiche de remboursement signée par le prévenu. Il a dit que je suis un politicien et je m’engage à rembourser les sommes en cas de défaillance de remboursement des femmes. Personne ne l’a contraint à signer. Nous sommes liés par un mandat. Plus de dix té- moins ont été auditionnés dans le dossier. Sur un prêt de de plus de 50 millions la mutuelle de crédit Pamecas réclame la somme de 4 millions 687 mille FCFA restante … Je ne poursuis pas le GIE encore moins les dames … Nous réclamons la somme de 7 millions pour toutes causes de préjudices confondus » a plaidé Me Wone.
Le procureur n’a pas manqué de lancer une pique à l’endroit de l’avocate de la partie civile pour dire qu’elle a requis à sa place.
« Qu’on puisse utiliser la procédure pénale pour régler un problème civil pose problème » a d’emblée remarqué le maitre des poursuites. Poursuivant, il confirme que le prévenu est un politicien. « Au lieu que Pamecas fasse le travail de terrain, elle utilise la popularité du prévenu pour regrouper les femmes pour les financer. C’est pour diminuer les frais de recouvrement que la Pamecas a utilisé le prévenu alors même qu’il n’est pas un travailleur de la banque. C’est pourquoi la procédure me pose problème. Je ne vois pas en quoi on pourrait engager pénalement la responsabilité du prévenu », s’interroge-t-il.
Dès lors le terrain semblait balisé pour la défense. C’est pourquoi, l’avocat de la défense révèlera qu’il est tenté de dire après le réquisitoire du procureur qu’il s’en rapporte. «Mais, il faut signaler que cette affaire est purement civile. Dans les docu- ments versés, on ne voit aucun engage- ment mais on voit plutôt des fiches de remboursement. La Pamecas aurait dû prendre une autre voie pour se faire rem- bourser. C’est une caution. C’est purement civil… Il n’a jamais reçu de fonds directe- ment (…) je sollicite de le relaxer purement et simplement» s’est-il défendu. Après avoir écouté, toutes les parties, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le 23 mars prochain, rapporte Le Témoin.
Avec Dakar Matin