Le projet de loi adopté par l’Assemblée nationale en janvier dernier pour éradiquer le ‘’péril plastique’’ au Sénégal va entrer en vigueur à partir du 20 avril prochain et sera appliquée dans la ‘’rigueur’’, a assuré mardi le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall.
Cette nouvelle loi relative à la prévention et à la réduction de l’incidence des matières plastiques sur l’environnement abroge celle de mai 2015. Cette dernière interdisait la production, l’importation, la détention, la distribution et l’usage des sachets plastiques à ‘’faible micronnage’’.
Le texte devant entrer en vigueur le 20 avril ‘’concerne la gestion rationnelle des déchets plastiques, en plus d’être une illustration de la volonté renouvelée du gouvernement du Sénégal d’éradiquer la pollution plastique’’, a précisé Abdou Karim Sall lors d’un déjeuner avec des journalistes.
— – D’‘’importantes lacunes’’ dans la loi de 2015 —
Le Sénégal n’est pas épargné par le ‘’péril plastique’’, a-t-il fait remarquer, affirmant que la loi de 2015 n’a pas permis de réduire la pollution engendrée par les matières plastiques. ‘’Le plastique est toujours utilisé et jeté dans la nature, souvent après un seul usage. Ce qui est plus grave encore, les importations de produits plastiques ont augmenté de 20% alors que la production industrielle de plastique connaît une hausse de 7%’’, a souligné M. Sall.
La loi de 2015 comportait d’‘’importantes lacunes’’ liées à son ‘’champ d’application’’ qui est ‘’étroit’’ et à l’impossibilité de distinguer à l’œil nu les sachets plastiques interdits de ceux qui ne le sont pas, selon le ministre de l’Environnement et du Développement durable.
La nouvelle loi interdit l’usage de certains produits plastiques à usage unique et des ‘’produits plastiques jetables’’. Elle instaure ‘’le bannissement total des sacs plastiques sortis de caisse’’ et ‘’la consignation des bouteilles en plastique, afin notamment d’améliorer la collecte de ces contenants’’, a précisé M. Sall.
A cela s’ajoute l’obligation pour les producteurs de matières plastiques de gérer les déchets issus des produits qu’ils mettent sur le marché et d’incorporer du plastique recyclé dans la fabrication de produits plastiques neufs, a-t-il expliqué.
‘’Cette nouvelle loi est ambitieuse’’ —
Le nouveau texte instaure ‘’l’imposition d’une taxe sur les matières plastiques non recyclables, afin d’inciter à l’utilisation de matières plastiques recyclables, et l’interdiction d’importer au Sénégal des déchets plastiques’’.
Toutes ces mesures font dire à Abdou Karim Sall que ‘’cette nouvelle loi est ambitieuse’’.
‘’Son adoption (…) par le gouvernement et son vote à l’unanimité des députés renforcent l’idée que les enjeux qui s’attachent à cette loi sont bien compris par tous. Aujourd’hui, le défi à relever, c’est la réussite de son application. Et pour cela, chaque citoyen devra jouer sa partition’’, a poursuivi M. Sall.
‘’Nul n’ignore aujourd’hui que la pollution causée par les matières plastiques peut avoir des effets nuisibles sur la terre, les mers et les océans et les autres cours d’eau’’, a-t-il souligné.
Le ‘’péril plastique’’, l’un des plus graves problèmes environnementaux —
En plus, ‘’cette pollution affecte souvent de façon irréversible la vie sauvage, les activités économiques, dont la pêche et l’élevage, mais les êtres humains que nous sommes’’, a ajouté le ministre de l’Environnement et du Développement durable.
Le ‘’péril plastique’’ est considéré par certains comme le plus grave problème environnemental auquel l’humanité est confrontée, après le réchauffement climatique et l’érosion de la diversité biologique, selon M. Sall.
La production mondiale de plastique, qui ne cesse de croître, est soutenue par une forte demande et a atteint 359 millions de tonnes en 2018, a-t-il dit sur la base de données fournies par PlasticsEurope, qui regroupe les industriels européens du plastique.
La production mondiale devrait, au regard des récents investissements de l’industrie du plastique, augmenter de 40% d’ici à 2030, a-t-il ajouté.