Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian se rend en Jordanie ce mercredi 1er août, un pays qui accueille de nombreux réfugiés syriens. La France a apporté récemment une aide humanitaire aux civils en Syrie via la Russie, allié indéfectible du régime de Bachar el-Assad et que la France avait bombardé des positions du régime en avril dernier.
Le 21 juillet dernier, la France et la Russie ont effectué une mission humanitaire commune à destination de la Ghouta orientale, une enclave rebelle proche de Damas reprise par le régime syrien. Un gros porteur Antonov 124 de l’armée russe, chargé de 44 tonnes de matériel médical et de biens de première nécessité fournis par la France, a rallié la base russe de Hmeinim, dans l’ouest de la Syrie, depuis l’aéroport de Châteauroux. L’aide devait être distribuée par le Croissant-Rouge syrien sous la supervision du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
Depuis, Paris ne cesse de l’affirmer : elle n’a fait qu’apporter une aide humanitaire aux civils en Syrie, en s’appuyant sur les Russes. Mais certains observateurs considèrent que la manœuvre permet à la France de se repositionner sur l’échiquier syrien, alors que le régime de Bachar el-Assad a gagné beaucoup de terrain sur les groupes rebelles et jihadistes.
« Ce n’est pas tant une volonté d’aider les civils que de se mettre en valeur pour ne pas être exclu du jeu syrien, estime ainsi Fabrice Balanche, professeur associé à l’Université Lyon 2. Assad et les Russes ont clairement gagné, on ne peut pas continuer à avoir une position d’hostilité alors que même les Etats-Unis acceptent qu’Assad reste au pouvoir. »
Mais pour d’autres experts, la France a une attitude totalement incohérente vis-à-vis de la Syrie. Car après avoir bombardé en avril dernier des positions du régime syrien pour son utilisation des armes chimiques dans la Ghouta, la voilà en train de distribuer de l’aide humanitaire par l’intermédiaire de la Russie qui avait soutenu Assad à ce moment-là, relève ainsi Jean-Pierre Filiu, historien et professeur à Sciences Po.