Après avoir condamné l’assassinat du professeur Samuel Paty, et en attendant de revenir en détail sur l’islamophobie en France, je voudrais juste dire au président Macron que pour les croyants aussi, les prophètes (paix sur eux) ont été de grands professeurs de l’humanité
. Ils considèrent que les prophètes sont leurs vénérés guides dans la voie du salut, une préoccupation de transcendance qui dépasse l’horizon temporel et matériel de la République qu’elle soit française ou pas.
À ce titre, le prophète Muhammad (psl) mérite respect et ne doit pas faire l’objet de caricatures arbitrairement dévalorisantes et mensongères relativement à son image et à ses enseignements, de surcroît devant des enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge du discernement vu qu’ils ne sont pas autorisés à voter…
Choisir des caricatures du prophète de l’islam qui le représentent « nu » (que Dieu me pardonne) à des gamins et gamines pour soi-disant enseigner la liberté d’expression relève de l’anti-pédagogie et d’une inutile provocation aux relents islamophobes.
En effet, c’est une façon de suggérer aux enfants que le prophète ci-caricaturé est le mentor de ces musulmans barbares, ennemis de la liberté tout court. Cette association via les caricatures entre barbarie, violence, etc, et la personne du prophète de l’islam ou l’image que celles-ci en donnent est fausse, injuste et dangereuse.
Le moindre des respects et d’un enseignement vraiment laïc du thème de la liberté d’expression aurait été de montrer aussi ce prophète sous des facettes valorisantes, ce qui ne manque pas dans la littérature musulmane et a manqué à l’exercice maladroit que le professeur Samuel Paty a proposé à ses jeunes élèves.
Les croyants et notamment les musulmans attendent de la République laïque de l’être vraiment et de se dire qu’autant le professeur qui doit faire des républicains comme le dit Macron mérite respect, autant le prophète qui doit faire des croyants ne mérite pas d’être présenté sous un visage qui choque des enfants. Le professeur Paty en est conscient, lui qui demande aux élèves qui le souhaitent de sortir de la classe de la République pour éviter un éventuel choc !
Vous pouvez sortir chers enfants musulmans, l’école de la République enseigne la liberté d’expression ! Vous ne pourrez pas supporter les caricatures y afférentes ! Sur mille supports pédagogiques utilisables pour ce thème, le professeur Paty fait le choix d’une caricature qui stigmatise l’islam et les élèves musulmans de sa classe !
En procédant ainsi, ce professeur divise sa classe en deux, que ce fut son intention ou non : les élèves musulmans qui ont des problèmes avec la liberté d’expression, qui en sont même les ennemis, et le reste de la classe c’est-à-dire tout le monde sauf les musulmans ! On ne peut pas dire que ce soit une façon appropriée de cultiver l’empathie entre les jeunes élèves d’une même classe.
Si c’est cela l’école de la République, le bon professeur et la bonne pédagogie pour enseigner la liberté d’expression, il faudra s’attendre à plus de crispation et de radicalisation de la part des musulmans en France. Et ce sera en conséquence d’une posture islamophobe flagrante et agressive qui se cache derrière la République laïque dont on nous dit qu’elle est pourtant respectueuse des religions.
Il ne doit pas s’agir de supériorité des valeurs de la République sur celles de la religion ou d’opposition entre le professeur et le prophète mais de créer les conditions d’un bon vivre ensemble entre des citoyens qui méritent tous d’être respectés dans la différence de leurs appartenances religieuses et identitaires, et autres.
Cette République qui ne pose pas et ne répond pas à une bonne question comme celle de savoir : comment enseigner la liberté d’expression sans suggérer par une caricature ou autre que le prophète de l’islam est la référence de ces musulmans définitivement et par essence, ennemis de celle-ci.
Dans une option non islamophobe, le professeur Paty qui a lu le Coran nous dit-on et qui connaît en principe l’histoire des idées en islam, aurait pu en extraire des éléments pertinents pour développer un support pédagogique favorable à la liberté d’expression. Mais il semble que le plus facile est ce qu’il est difficile de ne pas qualifier d’acharnement, à savoir, cette propension à caricaturer le prophète de l’islam pour le pire.
Pour finir, je voudrais juste rappeler qu’en juin 2017, l’humoriste français Dieudonné a été condamné pour un spectacle à domicile, à quel motif ? Pour avoir utilisé l’expression « gag des pyjamas de Cracovie » en référence à la tenue portée par les déportés juifs à Auschwitz durant la seconde guerre mondiale !
Le tribunal de la République Française avait retenu qu’il s’agissait de propos « injurieux à l’égard des juifs victimes de l’holocauste »…
Mais pour ce qui est du Coran, du prophète et des musulmans, rien n’est apparemment suffisamment injurieux pour être condamnable !