Ces dernières années, la Turquie s’est imposée comme un partenaire-clé sur toutes les questions migratoires. La Turquie est en effet un pays majeur pour les flux migratoires puisqu’il en est un carrefour et qu’il est le premier pays d’accueil de réfugiés au monde.
Les régions turques les plus occidentales sont une porte d’entrée dans l’Europe, tandis qu’à l’est et au sud-est, ses frontières ouvrent sur le Caucase, l’Asie centrale et le Moyen-Orient. Grâce aux liaisons aériennes et à des exemptions de visa, elle reçoit même de nombreux migrants en provenance d’Afrique. La Turquie est un pays de transit pour les migrations irrégulières.
C’est aussi, depuis le déclenchement du conflit en Syrie, le premier pays d’accueil de réfugiés au monde. Selon les chiffres officiels, sans doute sous-estimés, elle abrite quatre millions de migrants, dont plus de 3,5 millions de Syriens, 170 000 Afghans, 142 000 Irakiens, 39 000 Iraniens et 5 700 Somaliens, pour ne citer que les premiers de la liste. En matière d’accueil, la politique turque se fait sur la distinction entre les Syriens et les non-Syriens.
Pas d’accueil de réfugiés
Pour les non-Syriens, il faut savoir que la Turquie n’accepte pas de réfugiés au sens juridique du terme. Elle a signé la Convention de Genève, mais avec une restriction géographique : seuls les citoyens européens ne sont éligibles au statut de « réfugié » en Turquie, c’est-à-dire personne.
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Les demandeurs d’asile doivent s’adresser à l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés à Ankara, dans l’espoir que cette dernière accepte leur dossier et les redirige vers un pays d’accueil. Ceux dont le dossier est refusé ou qui n’ont pas fait de demande risquent une expulsion. Depuis le début de l’année, la police turque a arrêté près de 285 000 migrants en situation irrégulière.
Protection temporaire
Quant aux Syriens, techniquement, ce ne sont pas des réfugiés, mais ils bénéficient d’une protection temporaire, qui leur donne accès notamment aux services de santé et à l’éducation. Ces derniers mois, sous la pression d’une opinion publique très hostile, les autorités ont drastiquement renforcé les contrôles et les sanctions contre les Syriens qui ne sont pas en règle.
Le président Recep Tayyip Erdogan a même menacé « d’ouvrir les portes » de l’Europe aux Syriens, donc de tirer un trait sur l’accord migratoire signé en 2016. Dans les faits, l’arrivée de migrants en Grèce s’accélère déjà ces derniers mois. Ce que le président turc veut dire, c’est que son pays n’a plus les moyens financiers et humains d’accueillir des millions de Syriens, sans compter les centaines de milliers d’autres qui risquent d’arriver d’Idleb si le régime syrien poursuit son offensive contre cette province.
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Le plan de la Turquie est de créer dans le nord de la Syrie une vaste zone sécurisée pour renvoyer les réfugiés. Mais au-delà des obstacles politiques et militaires, un tel projet coûterait des milliards d’euros. Ankara fait donc pression sur les Européens pour qu’ils mettent la main au porte-monnaie.
rfi