Après six semaines de combats dans le Haut-Karabakh, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont signé un accord de cessez-le-feu sous l’égide de la Russie. L’accord prévoit non seulement l’arrêt total des hostilités, mais jette aussi les bases d’un règlement politique. La Turquie, qui avait pris fait et cause pour Bakou, s’est félicitée de cette annonce et apparaît comme l’un des grands vainqueurs de l’accord.
Même si, depuis l’annonce du cessez-le-feu dans le Haut-Karabakh, la Russie se présente comme le principal, voire le seul, artisan de cet accord et s’est empressée de démentir l’envoi de soldats turcs, la Turquie ne ressort pas moins renforcée du conflit.
D’abord, elle est tout de même incluse dans le mécanisme qui va se mettre en place pour contrôler le cessez-le-feu. À l’issue d’un échange téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé la participation de son pays à un « centre commun » de maintien de la paix, qui sera implanté dans l’un des territoires récupérés par l’Azerbaïdjan. Ankara, qui renforce au passage ses liens avec Bakou, accroît donc sa présence et son influence dans le Caucase.
Bakou et la Turquie bientôt reliés
Mais, selon plusieurs observateurs, le principal gain pour Ankara se trouve dans la clause 9 de l’accord de cessez-le-feu, qui engage l’Arménie à mettre en place un « corridor » pour permettre tous les déplacements de véhicules à travers son territoire entre sa frontière avec l’Azerbaïdjan et l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, frontalière de la Turquie.
Autrement dit, une autoroute directe devrait bien être créée entre la Turquie et Bakou, donc la mer Caspienne et au-delà, vers tout le monde turcique.