Alors que les incidents se multiplient à Kaboul une semaine après la prise du pouvoir par les talibans, des milliers de personnes se pressent à l’aéroport de la capitale afghane pour tenter de quitter le pays. La Turquie, membre de l’Otan et qui participe aux évacuations, craint un afflux massif de migrants à sa frontière. Le pays de Recep Tayyip Erdogan refuse de devenir une terre de transit pour les Afghans voulant gagner un pays occidental.
Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
La Turquie ne veut pas encourager les Afghans qui souhaiteraient demander l’asile en Europe ou aux États-Unis à le faire depuis son territoire. Or, c’est une option que des responsables occidentaux ont suggérée ces dernières semaines.
Après un entretien téléphonique, dimanche 22 août, avec le président du Conseil européen, Charles Michel, le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué avoir reçu une demande pour accueillir des employés locaux d’une mission de l’Union européenne en Afghanistan. En guise de réponse, le chef de l’État turc a invité les Européens à « ne pas attendre de la Turquie qu’elle endosse la responsabilité de pays tiers ».
Son ministère des Affaires étrangères a ensuite démenti les informations de médias britanniques qui avaient affirmé que le Royaume-Uni cherchait à établir des « hubs » dans des pays comme le Pakistan et la Turquie pour accueillir dans un premier temps les demandeurs d’asile. « Nous n’avons pas reçu de demande officielle d’un pays. Si une telle demande était faite, nous ne l’accepterions pas », a affirmé Ankara.
La Turquie rappelle qu’elle accueille déjà 3,7 millions de Syriens et au moins 300 000 Afghans, dont la présence est impopulaire au sein de l’opinion publique. Recep Tayyip Erdogan craint qu’un nouvel afflux ne diminue ses chances d’être réélu en 2023.