Aujourd’hui, je n’ai nulle envie de prendre l’instant de la réflexion pour hurler ma colère. Seul m’importe le désir de libérer la parole au risque de perdre pour une fois ma réserve naturelle.
Mes amis me pardonneront le ton utilisé. Il ne relève pas du modèle d’urbanité. Mais qu’ils comprennent que je n’ai pas l’intention d’épargner mon intransigeance à tous ceux qui pro-nent la violence dans l’espace politique.
Je ferai couler beaucoup d’encre et de salive pour dénoncer le phénomène de la violence physique, verbale, comportementale au cœur de la campagne électorale.
Je sais par avance que les grandes passions ne nous animent que quand nous avons la volonté de la colère et le souci de la clarté.
Et puis, quand l’essentiel est en jeu, il est urgent de faire des choix tranchés et de réaffirmer ses principes. A ce moment-là, on devient audible.
Gardons-nous d’anathèmes, majorité comme opposition, pour ne pas aggraver la situation. Condamnons ceux qui essaient de mettre toutes les colères dans le chaudron et de monter le feu. Retenons que la violence n’est pas fondatrice.
Les invectives et les injures sont flétrissables , elles ne servent à rien, sauf à dégrader davan- tage la personne qui les prononce.
Ce Sénégal ne doit pas être en proie à une crise de bêtise, de crédulité et de bestialité trop évidente. La vérité est trop sévère.
Et voilà, en pleine campagne électorale, qu’un ancien Président de la République faisant abstraction de tout et agissant comme d’habitude en électron libre nous balance des propos inquiétants pour la Nation.
Ses déclarations inqualifiables, sortant de l’anormalité, heurtent le Sénégal dans son histoire, la société sénégalaise dans ses valeurs et la démocratie dans ses fondements.
Se souvient-il-lui-même d’une date ? Ce 19 mars 2000. Un jalon de notre histoire commune. Ce fut la conjonction rare dans le continent africain de la nécessité de l’alternance et de la possibilité d’une alternative.
Le Sénégal réalisait sans heurt et dans la sérénité l’alternance politique. L’homme du Sopi (changement) héritait de la République.
Pourquoi vouloir maintenant semer un monde de haine? Cultiver un champ de mine ? Pour espérer quoi ? Récolter les fruits de l’atome ?
Aujourd’hui, je suis réduit comme des milliers de nos compatriotes à rappeler au Lauréat du Prix de la Paix Félix Houphouet BOIGNY, à celui qui était hier censé garantir notre unité na- tionale et la cohésion sociale d’être irréprochable dan ses interventions.
Si notre pays a su encore rester un havre de paix , il le doit à l’intelligence et à la vigilance de tout son peuple. Ainsi le moindre renoncement à ces principes nous sera préjudiciable.
Désormais, nos concitoyens entendent signifier qu’ils ne seraient plus là pour recevoir l’action, la subir sans en être en tous points, les collaborateurs.
Beaucoup de ses amis de l’opposition refusant d’être les premiers violons dans l’orchestre du Titanic lui ont tourné le dos. Ils savent qu’il avait dans les mains le Monde mais que la grande Histoire l’a quitté.
Pourquoi tout le peuple doit-il violoner, trompéter, flûter et chanter pour le fils ?
Nul ne peut être compétent par dévolution ou par onction. Seul vaille le suffrage universel.
Les généraux de Bonaparte au pont d’Arcole ou sous les pyramides n’étaient guère plus âgés que lui. Mais les fils de personne avaient fait la guerre, la vraie, celle où on se risque sa peau.
Des enfants de paysans, d’éleveurs, de pêcheurs et d’ouvriers dans ce pays ont par l’effort et le mérite acquis une haute position sociale sans bénéficier d’une carrière accélérée par le bon plaisir du père.
Fort heureusement, les Sénégalais n’ont pas perdu leur capacité d’indignation, à savoir leur part d’humanité devant la violence de tels propos.
Le Sénégal est une idée qui s’incarne dans la volonté de vivre ensemble avec un projet et une histoire.
Cela requiert un fons commun ; l’attachement aux valeurs de respect, de tolérance, de liber- té et de démocratie, quels que soient les changements de majorité politique.
Lorsqu’on a des valeurs communes, on doit construire et partager ensemble.
Il nous appartient tous ensemble d’apprécier ce qui se passe dans notre pays, de prendre la mesure de notre intervention, de notre utilité, de son sens.
Nous devons donc faire preuve d’un humanisme de refus qui introduirait la raison en politique avec ce ton qui sonne comme un élément de charge contre ceux qui, actuellement sous nos yeux, infantilisent nos institutions, distillent la culture du mépris, de peur et de for- ce.
Si nous restons amorphes avec un bandeau sous les yeux se contentant de parlottes éternel les, notre système de valeurs reculera à l’échelle du continent, qui depuis longtemps voyait en nous un modèle d’exception.
Le plus grand malheur qui pourrait arriver au Sénégal, à ses valeurs et à sa morale, du fait des politiques, des intellectuels, des républicains, de tous les patriotes, serait que par intérêt ou par dégoût, par une sorte de remords et de pusillanimité, d’avoir mal usé de sa liberté, le pays se laisse doucement enfermer dans un silence insensé.
Il est encore temps de revenir à une perception d’une République sereine et consensuelle, qui n’a pas peur d’elle-même, ni de son avenir, ni de ses talents, ni de son envergure.
J’ai choisi mon camp et depuis longtemps car je suis militant APF et membre de Benno Bokk Yakaar.
Je reste fondamentalement convaincu comme des milliers de nos compatriotes que le Sénégal a encore une chance avec le candidat Macky.
Il a acquis la distance et le sérieux qui subliment les dirigeants et leur permettent de voir plus loin, de se placer au-dessus de la mêlée.
Il a la compétence et l’expérience. Il connaît le Sénégal urbain et rural.
Incontestablement, il apparaît comme le plus grand dénominateur commun pour rassembler tous les Sénégalais et même au-delà de leurs divergences partisanes et/ou religieuses.
Le candidat de Benno Bokk Yakaar a réhabilité la fonction présidentielle, tenu les institutions et appliqué son programme : le Plans Sénégal Emergent (PSE).
Nous avons l’assurance d’avoir la candidature de la maturité puisque celle-ci n’étant caracté- risée ni par le sentiment d’impréparation ni par le goût d’une expérience inachevée.
Nous ne doutons pas de sa passion pour le Sénégal et lui-même ne doit pas douter de notre lucidité à l’accompagner dans cette entreprise ambitieuse: transformer et moderniser le Sénégal dans l’intérêt de tous les Sénégalais.
En face, on a des bribes de programmes et des slogans-chocs. Bref les artifices, les ruses, les postures.
Un ancien Premier ministre adepte des paroles grandiloquentes, tonnantes et alambiquées et aujourd’hui, de simples formules médiatiques et réductrices , sans doute par paresse in- tellectuelle ou par lassitude politique, et que les Sénégalais ont vu à l’œuvre le plus souvent pour le pire pour le meilleur.
Chaque tentative est une humiliation, chaque espérance, un purgatoire.
Un autre candidat qui fascine de par sa soudaine centralité médiatique, qui se veut le chantre de la bonne gouvernance mais dont la radicalité du discours inquiète.
Il y a toujours risque à bâtir toute une carrière sur la morale, à agiter cet étendard alors qu’on choisit en même temps de naviguer dans les méandres incertains de la politique, ce fleuve à l’eau inégalement claire.
Le Sénégal n’a pas besoin de s’aventurer sur une route sans issue.
Il est de l’Histoire des peuples des périodes où la sagesse commande de mettre à la tête d’un pays un homme expérimenté capable de porter avec conviction les valeurs de progrès, de justice et de tolérance.
« On ne s’arrête à mi-chemin quand on a rendez-vous avec le destin » enseignait Martin Luther King.
C’est pourquoi, nous devons soutenir le candidat Macky à porter la rénovation au cœur de nos institutions et satisfaire aux besoins de changement que nous éprouvons tous pour met tre en place un pays plus juste, plus démocratique et plus solidaire et dès lors plus fort.