Des scientifiques mettent en garde contre la diffusion des insecticides néonicotinoïdes sur le continent, où les exploitations agricoles intensives gagnent du terrain.
La crainte de voir se répandre en Afrique les insecticides néonicotinoïdes, avec leurs conséquences délétères sur l’agriculture et la biodiversité gagne la communauté scientifique. Jusqu’à présent, les agricultures africaines dominées par un modèle familial de subsistance, peu consommateur d’intrants et de pesticides, étaient restées relativement préservées. La situation est en train de changer. La multiplication de grandes exploitations intensives tournées vers les marchés domestiques ou d’exportation a ouvert la porte à la diffusion de ces substances de manière peu contrôlée.
La récente interdiction par l’Union européenne de trois des molécules les plus toxiques pour les pollinisateurs pourrait accélérer ce mouvement en faisant du continent le déversoir des produits bannis pour des industriels en quête de nouveaux marchés. Cette menace est clairement identifiée dans le rapport sur L’utilisation et les effets des insecticides néonicotinoïdes sur l’agriculture africaine, publié mardi 12 novembre par le réseau des Académies des sciences africaines (Nasac). Lancé fin 2018, quelques mois après la décision européenne, ce travail, qui a rassemblé des scientifiques de dix-sept pays africains et passé en revue la littérature scientifique disponible, fournit l’état des lieux le plus complet à ce jour. Il a été mené en coopération avec le Partenariat mondial des académies des sciences.
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Deux des trois molécules interdites – imidaclopride et thiaméthoxame – sont parmi les plus utilisées en Afrique. Au Cameroun, 35 formulations différentes contenant de l’imidaclopride sont enregistrées. En Afrique du Sud, 130. Les principales cultures sont concernées et le rapport relève aussi que la pulvérisation de ces insecticides s’étend de plus en plus aux semences en appliquant « des doses inappropriées ». Les réglementations lorsqu’elles existent ne sont bien souvent pas appliquées. En Tanzanie, un audit conduit par le ministère de l’agriculture a aussi montré que de nombreux produits utilisés n’étaient pas homologués et importés frauduleusement.
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