L’ALERTE DE S.E. IBRAHIMA DIAKHATÉ ( Ambassadeur du Sénégal au Sultanat d’Oman) : ‘ Attention, le pétrole n’aime pas le discours régionaliste… Le Sénégal peut échapper à cette soi-disant malédiction… Le Bahreïn bal pas le 1/3 du Sénégal… Jurer

Dans l’entretien qu’il déroule avec Dakaractu, Son excellence Ibrahima Diakhaté dit  »Thierno » est d’avis, concernant la question du pétrole, que le silence des avisés peut parfois être beaucoup plus coupable que le bavardage des non initiés. En tant que Sénégalais ayant vécu dans le golfe pendant plus de deux décennies comme diplomate, le Diourbellois dira que le débat est loin de le laisser indifférent  »du fait de l’impact économique sans précédent qu’une telle ressource peut avoir sur les conditions de vie et d’existence de nos populations. »

Pour lui,  » c’est un sujet sur que tout intervenant gagnerait à évoquer avec retenue et sérénité ». D’emblée, il se désolera de la diabolisation qui veut que  »là où il y a du pétrole, il n’y a plus de paix. Cela doit cesser, car ceci est très loin de la réalité.  » Son Excellence Thierno Diakhaté de poursuivre sa démonstration.  » Nous connaissons plusieurs pays pétroliers, paisibles qui ont su utiliser leur pétrole à bon escient en préservant leur paix et leur cohésion sociale. Je citerai en premier par expérience propre, l’Arabie Saoudite, qui s’est complètement métamorphosée entre 1977 et 1988. Cette métamorphose est symbolisée par l’amélioration radicale des conditions de vie des populations, la réalisation d’infrastructures de grande envergure grâce aux revenus du pétrole. Ceci s’est passé sous mes yeux et aucun problème majeur n’a été constaté. Cet exemple est valable pour le Koweït, le Sultanat d’Oman, le Bahreïn, les Emirats- Arabes-Unis, le Qatar et la Norvège pour ne citer que ces pays- là. Il faut noter que le Bahreïn a réussi le pari de l’émergence sans disposer du tiers (1/3) des réserves pétrolières dont dispose le Sénégal. La majorité des pays pétroliers qui ne profite pas de cette ressource sont africains malheureusement. Je pense que notre cher Sénégal peut échapper à ce qui semble être une règle. Nous avons un pays jusque-là là stable, qui n’a jamais connu de coup d’état, qui organise des élections libres et transparentes, où les institutions fonctionnent. Et à ce titre, nous sommes toujours cités en exemple. Nous avons la capacité et l’intelligence de gérer convenablement notre pétrole comme tous ces pays susmentionnés »’.

L’ambassadeur du Sénégal au Sultanat d’Oman d’apporter, toutefois, un bémol à son optimisme. Pour lui, le discours régionaliste peut toutefois semer la zizanie.  » Ce qui m’inquiète le plus, ce n’est pas le fait que notre pays dispose de l’or noir tant convoité, mais de l’attitude remarquée chez certains de nos concitoyens et aux premiers rangs desquels de hauts responsables politiques. En effet, je ne comprends pas que l’exploitation du pétrole qui n’a même pas encore commencé (prévue au plutôt en 2021) et que des leaders d’opinion tiennent des propos du genre : les régions où le pétrole a été découvert doivent en bénéficier plus que les autres. Cette vision régionaliste, réductrice sur une opportunité aussi large que le pétrole est grave car pouvant générer les germes d’une idéologie séparatiste non fondée et lourde de conséquences. Le pétrole appartient à tous les Sénégalais comme consacré par la constitution et il doit profiter à tout un chacun.  »

CAS ALIOU SALL

Interpellé sur l’affaire Aliou Sall, le diplomate souhaitera qu’elle soit traitée  »avec objectivité et lucidité, mais aussi avec respect pour la personne concernée qui est présumée innocente jusqu’à la preuve du contraire. Sa démission, ajoute-t-il, réclamée par une partie de l’opinion et obtenue donne libre cours à la justice pour faire son travail. Maintenant le fait de jurer sur le Coran pour se dédouaner ne saurait être un débat. Ceci constitue un acte de foi majeur entre la personne concernée et son SEIGNEUR. En tant que musulman, je ne peux que croire en la sincérité de son serment et le présume innocent jusqu’à ce qu’il en soit autrement.

CAN 2019

Malgré son appartenance à une famille religieuse très connue du Sénégal, l’ambassadeur dira ne guère se désintéresser de ce qui se passe en Égypte avec les Lions de la Téranga. Mais il se dira particulièrement choqué par le comportement de certains Sénégalais vis-à-vis de Krépin Diatta.  » Oui, j’ai été choqué par les vilains propos que certains de nos compatriotes ont tenus à l’endroit du jeune et talentueux joueur, Krépin Diatta. La valeur d’un homme ne se mesure pas à son physique, mais plutôt à ce qu’il montre à travers ses actes. Ces moqueries sont d’autant plus inadmissibles qu’elles ont eu lieu au moment il est en train de défendre avec courage et détermination les couleurs nationales et au soir d’une rencontre où il a été même désigné l’homme du match.

En lieu et place, il devrait être félicité et encouragé à aller de l’avant. Je suis loin d’être un amateur de football, mais si le drapeau national est engagé, je ne peux que me sentir concerné, d’agir et de prier pour la grandeur et le prestige de mon pays. Vive le Sénégal ! Et que le pétrole soit béni !  »