Le joyau du numérique chinois, TikTok, a échappé à Microsoft. ByteDance, propriétaire de la plateforme de vidéos légères, a rejeté l’offre de rachat du géant informatique américain, ouvrant la voie au groupe de logiciels californien Oracle pour un partenariat.
Selon le Wall Street Journal, qui cite une source proche du dossier, Oracle est sur le point d’être désigné comme « partenaire technologique de confiance » de TikTok aux États-Unis. Mais une vente directe n’est pas à l’ordre du jour. Oracle et TikTok n’ont pas répondu aux sollicitations. « ByteDance nous a fait savoir aujourd’hui qu’ils ne vendraient pas les opérations américaines de TikTok à Microsoft. Nous sommes convaincus que notre proposition aurait été bonne pour les usagers de TikTok tout en protégeant les intérêts de sécurité nationale », a indiqué ce dimanche soir Microsoft dans un communiqué.
Bataille diplomatique entre Pékin et Washington
Microsoft avait fait part début août de son intérêt pour le rachat des opérations américaines de TikTok, sous la menace d’une interdiction aux États-Unis. Le président Donald Trump, qui accuse sans preuve depuis des mois le populaire réseau social d’espionnage au profit de la Chine, a en effet signé des décrets pour forcer ByteDance à vendre rapidement les activités de TikTok sur le sol américain.
Le locataire de la Maison Blanche a aussi exigé qu’une partie importante d’une éventuelle transaction revienne au Trésor américain, ce qui a suscité de vives critiques. Si un accord de rachat n’est pas trouvé avant le 20 septembre, la plateforme devra fermer aux États-Unis. Donald Trump a pour sa part évoqué la date du 15 septembre.
►À lire aussi: Donald Trump donne 90 jours à ByteDance pour vendre les activités américaines de TikTok
Fin août, le groupe de supermarchés Walmart avait confirmé s’être allié avec Microsoft dans les négociations pour acquérir la plateforme de partage de vidéos courtes, généralement humoristiques ou musicales. En plus des opérations aux États-Unis, les activités au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande étaient aussi sur la table. Mais ce partenariat des deux géants américains n’aura pas suffi.
« Nous pensons que Microsoft voulait acheter TikTok uniquement avec son algorithme principal, une concession sur laquelle le gouvernement chinois et ByteDance ne voulaient absolument pas céder », a jugé dans une note Daniel Ives, analyste pour la société d’investissement Wedbush Securities, cité par l’AFP.
Dans le même temps, le ministère chinois du Commerce a amendé sa liste de technologies soumises à des restrictions ou interdictions d’exportation. Cette liste comprend désormais, entre autres, des technologies d’intelligence artificielle (traitement des données, recommandation de contenus, etc) qui ont fait le succès de l’application TikTok, où les vidéos s’affichent sur l’écran des utilisateurs principalement en fonction de leurs goûts, et beaucoup moins de leurs contacts. ByteDance a fait savoir qu’il « respecterait strictement » les nouvelles règles de la Chine, c’est-à-dire l’obtention d’une licence d’exportation auprès des autorités.
« Oracle pourrait être un partenaire technologique »
Selon Daniel Ives, même si un accord entre Oracle et TikTok est confirmé, il est peu probable que celui-ci prévoie un rachat du réseau social chinois. « Oracle pourrait être un partenaire technologique, mais une vente ou une cession des opérations américaines de TikTok reste le point de fixation, note l’expert. Sauf changement de dernière minute, des jours sombres s’annoncent pour ByteDance avec l’échéance de la Maison Blanche cette semaine, la prise étant sur le point d’être débranchée pour l’application TikTok aux États-Unis. »
En plus d’être un enjeu diplomatique, le sort de TikTok aux États-Unis pose des questions de taille au niveau économique et sociétal. En août, l’application, plébiscitée par les adolescents, a dépassé les 2 milliards de téléchargements dans le monde et affirme être présente dans plus de 200 pays. Aux États-Unis, le réseau social revendique 100 millions d’utilisateurs tous les mois, dont 50 millions tous les jours. C’est 800 % de plus qu’en janvier 2018.
(Avec AFP)