Il y avait encore beaucoup d’émotion en Argentine jeudi 26 novembre, au lendemain de la mort de Diego Maradona. Après plusieurs rassemblements de supporters à Buenos Aires, des milliers d’Argentins ont défilé devant le cercueil du footballeur légendaire, placé à la Casa Rosada, le palais présidentiel. Après cette veillée funèbre, Diego Maradona a été enterré dans la soirée.
Une file d’attente s’étendant sur plus de 600 mètres : des milliers de personnes ont souhaité faire leurs adieux à Diego Maradona jeudi. Chez certains supporters qui attendaient leur tour, une ambiance plutôt festive régnait, a constaté Aude Villiers-Moriamé pour RFI. Beaucoup étaient venus avec des fleurs et des maillots de football qu’ils avaient l’intention de déposer près du cercueil de leur idole, terrassée mercredi 25 novembre par une crise cardiaque à l’âge de 60 ans.
« Je ressens un mélange de sentiments. D’un côté, je suis contente que tant de personnes soient venues lui dire au revoir, il le mérite. Mais de l’autre, je suis triste. Je n’ai plus de larmes après tout ce que j’ai pleuré hier. Je ne pouvais pas y croire », a confié Cecilia Castro, affublée d’un masque à l’effigie de Diego Armando Maradona.
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« On croyait que Diego était éternel… »
À la sortie de la Casa Rosada, le palais présidentiel qui a accueilli la dépouille du champion du monde 1986, c’est la tristesse qui dominait. Nestor Charampa est venu avec son fils de 12 ans rendre hommage à celui qui est ici surnommé « Dios », « Dieu » en espagnol. « Je crois que si je n’étais pas venu, je m’en serais beaucoup voulu. J’avais besoin de faire mes adieux. C’était triste, très triste. On croyait que Diego était éternel… Honnêtement, je ne réalise toujours pas », a-t-il expliqué.
Adrian, 33 ans, a pu se recueillir devant le cercueil, avec son épouse et leur bébé. Il était très ému au moment de quitter cette veillée funèbre : « Il a apporté beaucoup de joie aux gens, et il méritait qu’on lui dise adieu de cette façon. J’étais vraiment fan de lui quand j’étais plus jeune. Adulte, je ne le suivais plus avec le même fanatisme, mais quand j’ai appris sa mort, je me suis mis à pleurer comme si j’avais 5 ans ! Il nous lègue beaucoup. […] Il est rare qu’un être humain, de chair et d’os, génère tant d’affection. C’est une légende, une idole mondiale ! »
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Des dizaines de milliers de fans ont voulu rendre hommage à Diego Armando Maradona à la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin à Buenos Aires, le 26 novembre 2020.
Des dizaines de milliers de fans ont voulu rendre hommage à Diego Armando Maradona à la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin à Buenos Aires, le 26 novembre 2020. AP – Marcos Brindicci
Des échauffourées en marge de la veillée funèbre
Cette journée d’hommage a aussi été marquée par des incidents dans la capitale. Les Argentins s’étaient déplacés par dizaine de milliers pour saluer une dernière fois le génial n°10, et tous n’ont pas pu entrer. Un peu après 15 heures, les grilles de la Casa Rosada se sont refermées. La confusion a provoqué un important mouvement de foule et les forces de l’ordre, débordées, ont tiré des balles lacrymogènes.
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Alejandro, jeune homme de 26 ans, était face à l’entrée quand la tension est montée. « Beaucoup de gens, parce qu’ils ne peuvent pas entrer, veulent semer la pagaille. Ça me met en colère. Un sentiment d’impuissance, de tristesse », a-t-il confié à Georges Quirino. Jorge, 54 ans, maillot de Boca Juniors sur les épaules, a attendu cinq heures sans pouvoir entrer. Cet hommage gâché à son idole, qu’il suivait depuis 1981, lui brise le cœur : « Je voulais seulement lui dire merci, le saluer et être à côté de lui. Et je n’ai pas pu… Je n’ai pas pu à cause de cette pagaille. »
Le dernier adieu à Maradona a été intime, au cours d’une cérémonie réservée aux très proches, dont on n’a pu voir que des images aériennes, au cimetière où il repose désormais, aux côtés de ses parents, Doña Tota et Don Diego, rapporte Jean-Louis Buchet. Un cimetière privé, éloigné de Buenos Aires, de manière à éviter, selon les vœux de la famille, qu’il ne se transforme en sanctuaire, ce qui aurait été le cas si l’ancien numéro dix avait été enterré à Recoleta, l’équivalent du Père-Lachaise parisien, en centre-ville et aussi touristique que ce dernier.
Mais l’enterrement a été aussi paisible que les funérailles avaient été mouvementées. En milieu d’après-midi, alors que des dizaines de milliers de personnes attendaient encore de pouvoir entrer à la Casa Rosada pour se recueillir devant le cercueil, il y a eu des affrontements avec la police et des jets de gaz lacrymogène, avant que des individus ne pénètrent de force dans le palais présidentiel. Des débordements inattendus, qui ont failli gâcher la veillée funèbre, et dont le gouvernement porte une part de responsabilité. Sachant que la famille tenait à ce que l’enterrement ait lieu ce jeudi 26 novembre, il était évident que tous ceux qui se pressaient devant la Casa Rosada ne pourraient prendre part à ces obsèques publiques.
Le « Pibe de Oro » repose auprès de ses parents
Pendant que l’Argentine pleurait son « Pibe de Oro » (« Gamin en or »), de l’autre côté de l’Atlantique, la mémoire de Diego Maradona était aussi honorée par le club italien de Naples. En sept saisons (1984-1991), le milieu offensif a brillé et noué des liens forts avec toute une ville qui l’a aimé et adulé comme une divinité. Opposés aux Croates de Rijeka en Ligue Europa, les joueurs du Napoli ont fait honneur à l’Argentin : ils ont pénétré sur la pelouse du stade San Paolo – qui sera prochainement renommé stade Diego-Maradona – vêtus de maillots floquées à son nom et du n°10, et ils ont gagné 2-0. « Diego est une légende et il ne mourra jamais », a déclaré l’entraîneur napolitaine, Gennaro Gattuso.