L’armée de l’air américaine a présenté son avion de chasse dernier cri en Californie. Le B-21 Raider est un bombardier furtif en forme de raie manta.
On le croirait tout droit sorti du dernier Top Gun : Maverick. Les États-Unis ont dévoilé vendredi 2 décembre leur nouveau bombardier stratégique furtif, le B-21 « Raider », un appareil capable d’être opéré sans équipage et de conduire des frappes nucléaires de longue portée, tout comme d’utiliser de l’armement classique.
L’avion a été présenté à Palmdale, en Californie sur l’un des sites de son fabricant, Northrop Grumman, lors d’une cérémonie savamment chorégraphiée ouverte par l’hymne américain. À grand renfort de projecteurs et de musique dramatique, l’industriel a levé le voile sur ce nouvel avion high-tech, dont le Pentagone prévoit d’acheter au moins 100 exemplaires, à près de 700 millions de dollars l’unité.
« Le B-21 ’Raider’ est le premier bombardier stratégique depuis plus de trois décennies », a souligné le secrétaire à la Défense Lloyd Austin. Un signe selon lui que les États-Unis continuent de faire preuve « d’ingéniosité et d’innovation ».
L’armée américaine ne souhaite pas dévoiler trop d’informations sur les capacités du B-21, dont beaucoup de caractéristiques techniques restent secrètes. Mais ce nouveau modèle, qui doit progressivement remplacer les bombardiers B-1 et B-2 – dont les premiers décollages remontent à la Guerre froide –, devrait présenter des avancées significatives par rapport à la flotte existante.
Le nouvel avion a « une portée qu’aucun autre bombardier de longue portée ne peut égaler », a souligné Lloyd Austin, en assurant également que l’appareil est l’un des bombardiers les plus durables jamais créés.
Un bombardier « conçu pour évoluer »
Comme la plupart des modèles récents de l’armée américaine, notamment les avions de chasse F-22 et F-35, le B-21 sera furtif. « Même les systèmes de défense aériens les plus sophistiqués auront du mal à détecter le B-21 dans le ciel », a assuré Lloyd Austin, en expliquant que l’avion bénéficie de 50 ans de savoir-faire américain en la matière.
L’avion présente également une « architecture ouverte » qui doit lui permettre d’accueillir facilement « de nouvelles armes qui n’ont pas encore été inventées », a-t-il ajouté. Le bombardier est « conçu pour évoluer », a commenté Amy Nelson, une experte de la Brookings Institution, un groupe de réflexion américain basé à Washington. Son « architecture ouverte » permet notamment « l’intégration future de logiciels » capables d’améliorer ses performances, notamment son autonomie, « pour que l’avion ne devienne pas obsolète rapidement. »
« Le B-21 est beaucoup plus travaillé que ses prédécesseurs, vraiment moderne », a-t-elle ajouté. Contrairement au bombardier B-2, l’avion a une « capacité double » : il peut frapper aussi bien avec des missiles nucléaires qu’avec de l’armement conventionnel. Mais il peut aussi « lancer des missiles de longue et de courte portée. »
Il peut voler sans équipage
Ce bombardier dernier cri peut aussi voler sans aucun équipage à son bord, une particularité qui n’a pas été évoquée lors de sa présentation à Palmdale. Une porte-parole de l’armée de l’air a confirmé à l’AFP que l’avion « prévoit cette possibilité, mais aucune décision n’a été prise pour voler sans équipage ». Le premier vol du B-21, dont Northrop Grumman travaille déjà sur six premiers exemplaires, doit avoir lieu en 2023.
Son surnom, « Raider », est inspiré du raid mené par le colonel James Doolittle pour bombarder Tokyo en 1942, la première frappe américaine sur le sol japonais lors de la Seconde Guerre mondiale, en représailles à l’attaque de l’aviation japonaise sur la base de Pearl Harbor à Hawaï un an plus tôt.
Le B-21 doit devenir un élément clé de la « triade nucléaire » américaine, composée de missiles et de bombes qui peuvent être lancées depuis la terre, la mer ou l’air. « La flotte de bombardiers permet aux États-Unis d’être flexibles en matière de dissuasion nucléaire et offre une garantie en cas de problèmes des autres piliers » de cette force de frappe, conclut l’experte Amy Nelson.