Le bras de fer continue entre les géants africains du cacao et l’industrie

La journée mondiale du cacao marque le début de la récolte au Ghana et en Côte d’Ivoire. Mais c’est le prix plancher de l’an prochain qui préoccupe toute la filière.

Ce n’est pas la nouvelle récolte ouest-africaine qui inquiète la filière cacao. Les pluies sont tombées au bon moment. On attend près d’1,7 million de tonnes de fèves en Côte d’Ivoire d’ici mars 2020 et un prix au producteur en progression, de 750 à 825 francs CFA, vu l’évolution positive des cours mondiaux ces derniers mois.

L’industrie traîne des pieds

C’est la récolte suivante, celle qui sera lancée en octobre 2020, et pour laquelle Ghana et Côte d’Ivoire ont imposé un prix plancher de 2600 dollars, qui est dans toutes les têtes. Sa commercialisation, qui a toujours au moins un an d’avance, devrait normalement battre son plein. Or seules 20 à 30 000 tonnes de fèves ont été vendues, au Ghana, estime-t-on dans le négoce, seulement 40 000 tonnes en Côte d’Ivoire. Contre 300 000 tonnes l’an dernier à la même époque, chez le premier producteur mondial.

Risques

La bonne volonté que l’industrie chocolatière affichait cet été tarde à se concrétiser. Tant qu’ils n’ont pas la garantie de pouvoir répercuter sur le consommateur, c’est-à-dire sur la grande distribution, le surcoût éventuel, par rapport au marché à terme, les grands chocolatiers comme les négociants traînent des pieds.

D’autant que ce surcoût peut varier énormément, de 140 livres sterling entre le marché à terme et le prix plancher en mars prochain, à 450 livres en octobre 2020. Les acheteurs ne veulent pas se retrouver avec des positions excessives où ils prendraient des risques.

Jouer sur la prime d’origine ?

Le bras de fer se poursuit donc entre le nouvel OPEP du cacao et l’aval de la filière. Les négociations portent en ce moment sur un assouplissement par les États producteurs de leur prime d’origine, 120 livres sterling en 2020 pour le cacao de Côte d’Ivoire, 210 livres pour l’origine ghanéenne. Un assouplissement qui permettrait d’amortir le coût du « différentiel de revenu vital » exigé par le Ghana et la Côte d’Ivoire, à partir de 2020, soit 400 dollars la tonne, destinés aux producteurs.