Quatre jours après la sortie de prison d’Asia Bibi, l’incertitude demeure sur avenir de cette chrétienne pakistanaise acquittée après avoir été condamnée à mort pour blasphème. Son époux a joint plusieurs pays pour obtenir l’asile pour sa famille, notamment le Canada, le seul à avoir accepté lundi 12 novembre leur demande. Mais les tractations sont difficiles et suscitent des polémiques au-delà des frontières du Pakistan.
Pour l’instant, le Canada est le seul pays contacté par la famille d’Asia Bibi à avoir officiellement fait part de son accord pour les accueillir. Justin Trudeau l’a annoncé lundi 12 novembre, tout en restant prudent : « On est en discussions avec le gouvernement du Pakistan, je ne veux pas me prononcer plus là-dessus parce que c’est très délicat. Mais comme vous savez très bien, le Canada est un pays qui accueille. Il y a un contexte intérieur délicat que nous respectons », a précisé le Premier ministre canadien.
Une allusion aux militants islamistes qui réclament qu’Asia Bibi reste au Pakistan et soit de nouveau jugée pour blasphème. Ils ont mené ces dernières semaines plusieurs manifestations d’ampleur, demandant sa mise à mort.
La réaction de ces milieux ultraconservateurs serait l’une des raisons qui ont poussé le Royaume-Uni à renoncer à accueillir Asia Bibi. C’est en tout cas ce qu’affirme le dirigeant de l’Association britannique des chrétiens pakistanais Wilson Chowdhry, en entretien au Telegraph. Et si Londres s’est en réalité contentée d’affirmer qu’elle ne commentait pas les cas individuels, sans repousser totalement un éventuel asile, cette thèse est largement reprise en Europe depuis.
Les milieux d’extrême droite, en France ou en Allemagne, par exemple, accusent le gouvernement britannique de céder à la pression de radicaux.
Mais les fausses informations ne se limitent pas à l’Europe, le ministre pakistanais de l’Information a dû démentir lundi 12 qu’Asia Bibi était déjà sortie du pays, après que de fausses vidéos montrant son arrivée dans un aéroport étranger ont circulé sur les réseaux sociaux.
rfi