Le coronavirus accentue l’isolement de l’Iran, l’Italie et la Corée inquiètent

Le nombre de décès liés au coronavirus en Iran est passé mardi à 16, chiffre le plus élevé hors de Chine, accentuant le risque d’isolement de la République islamique, tandis qu’en Italie et en Corée du Sud l’inquiétude grandit avec une multiplication des mesures d’urgence.

Le virus apparu en décembre à Wuhan, dans le centre de la Chine, a fait 2.663 morts dans le pays et provoqué 80.000 contaminations. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime cependant que l’épidémie n’est pas hors de contrôle dans le monde et qu’il est prématuré de parler de pandémie. Elle juge même qu’elle a atteint son pic et décline en Chine depuis le 2 février.

Au-delà de la Chine continentale, la maladie gagne néanmoins du terrain dans 29 pays et territoires, avec une trentaine de décès, selon un bilan établi par Reuters. L’épidémie est particulièrement préoccupante en Iran, en Italie et en Corée du Sud.

“Nous sommes proches d’une pandémie mais il y a encore de l’espoir”, a déclaré Raina MacIntyre, responsable d’un programme de prévention des risques biologiques dans une université australienne.

Les places boursières dans le monde ont reculé à un plus bas de deux mois mardi sur fond d’inquiétudes liées à la propagation de l’épidémie et son impact sur l’économie mondiale.

LES SANCTIONS AMÉRICAINES EN IRAN INCRIMINÉES
L’Iran, qui fait déjà face à des sanctions américaines, pourrait être davantage coupé du monde, après le signalement de passagers porteurs du virus en provenance de la République islamique.

Plusieurs pays ont d’ores et déjà décidé de suspendre leurs liaisons aériennes avec l’Iran, tandis que d’autres Etats voisins ont choisi de fermer leur frontière. Oman a interrompu ses importations et ses exportations avec l’Iran dans le port de Khassab.

Des concerts et des matches de football ont été annulés dans tout le pays, et des écoles et des universités fermés dans de nombreuses provinces. Sur les réseaux sociaux, de nombreux Iraniens accusent les autorités de dissimuler les faits.

Mais ces autorités affirment que les sanctions américaines constituent une entrave à la lutte contre le coronavirus, compliquant par exemple les importations de masques et de médicaments.

En Corée du Sud, le nombre total de cas s’élève à 977, dont dix ont été mortels, ce qui fait du pays l’un des principaux foyers de l’épidémie en dehors de la Chine continentale.

Plus de 200.000 membres d’une secte, soupçonnée d’être à l’origine de la propagation du virus en Corée du Sud, vont subir des tests de dépistage, ont annoncé mardi les autorités sanitaires du pays.

L’ITALIE EN PREMIÈRE LIGNE
En Europe, l’Italie est en première ligne, avec plus de 280 cas et sept décès, la plupart en Lombardie et en Vénétie, mais un cas a été signalé mardi en Sicile, le premier au sud de Rome.

Le secteur touristique, qui représente environ 13% du PIB, redoute une chute des réservations. Les compagnies aériennes ont commencé à restreindre les vols vers l’Italie, tandis que les prix des masques et des gels désinfectant ont grimpé en flèche.

“Il n’y a pas lieu de fermer les frontières entre nos pays, ce serait disproportionné et inefficace”, a déclaré le ministre français de la Santé, Olivier Véran, en déplacement à Rome pour une réunion de travail sur l’évolution du coronavirus avec ses homologues européens transfrontaliers de l’Italie.

Quant à l’annulation de manifestations publiques, le ministre a estimé qu’”à ce stade il n’y a pas lieu d’annuler a priori les grands événements publics, qu’il soit de nature sportive ou culturelle”.

“Mais nous nous accordons la possibilité, au cas par cas, de regarder chaque situation”, a-t-il ajouté.

L’Olympique lyonnais doit notamment accueillir la Juventus Turin mercredi dans le cadre des huitièmes de finale de la Ligue des champions de football. “A l’heure à laquelle je vous parle, il n’y a pas lieu d’envisager l’annulation de ce match”, a-t-il précisé sur BFM TV.

En Espagne, un troisième cas de contamination a été rapporté, celui d’un ressortissant italien séjournant aux îles Canaries. La presse parle en outre d’un premier cas dans la péninsule. et

La Croatie de son côté a confirmé son premier cas d’infection avec un patient hospitalisé à Zagreb.

En Autriche, deux cas ont été signalés et concernent deux Italiens vivant dans la province de Tyrol et qui ont sans doute été contaminés en se rendant en Lombardie, selon la presse locale.

La Suisse a également enregistré mardi un premier cas de contagion.

Pour le consultant spécialisé Scott Rosenstein, les mauvaises nouvelles en provenance de l’Iran, de la Corée du Sud et de l’Italie ont porté un coup aux espoirs d’un confinement du virus en Chine, ce qui explique la réaction des marchés.

Ailleurs dans le monde, l’Afghanistan, Bahreïn, l’Irak, le Koweït et Oman ont signalé leurs premiers cas de contagion et tous concernent des personnes arrivant d’Iran.

Le Japon, qui recense quatre morts et 850 contaminations, n’envisage pas pour le moment une annulation des Jeux olympiques qui doivent débuter à Tokyo le 24 juillet.

Aux Etats-Unis, Donald Trump va demander au Congrès un budget de 2,5 milliards de dollars pour lutter contre l’épidémie, dont plus d’un milliard pour la mise au point d’un vaccin.

Avec la baisse du nombre de cas de contamination en Chine, l’organisme de planification du gouvernement a estimé mardi que les régions à faible risque d’épidémie devraient reprendre une activité normale et mettre fin aux mesures d’interdiction de déplacement.