La crise engendrée par la pandémie de Covid-19 sonne comme une occasion pour l’Afrique d’’’opérer un saut quantique dans le domaine sanitaire’’, affirment une trentaine de personnalités, dont l’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré.
« Nous sommes convaincus que la société civile africaine détient les clés de la situation. La crise actuelle pourrait donner aux Africains l’occasion d’opérer un saut quantique dans le domaine sanitaire (…)’’, déclarent-elles dans une tribune parue sur le site du journal Le Monde.
Elles suggèrent à cet effet d’user « massivement des services de télémédecine, d’identification numérique, de paiement mobile, d’apprentissage en ligne, de géolocalisation, d’entraide ou de mobilité partagée, qu’ils soient existants ou à inventer’’.
De l’avis de ces personnalités, « la collaboration active entre les communautés tech africaines aux quatre coins du continent permettra de soulager des services publics saturés ou défaillants’’.
« Accès aux services essentiels, aux soins, paniers alimentaires, tontines pour regrouper les investissements à l’échelle d’un village ou d’un quartier… Les solutions numériques civiques doivent être déployées à l’échelle de villes de plus en plus denses’’, préconisent-elles.
Pour elles, des possibilités nouvelles sont offertes, avec les initiatives de santé connectée (« e-health ») et les mouvements de science ouverte (« open science », pour rendre la recherche scientifique accessible à tous). Elles estiment qu’elles « contribueront à terme à rendre l’épidémie maîtrisable’’.
Elles relèvent que « les plateformes collaboratives associant des réseaux de scientifiques africains et internationaux permettent de mettre en commun des méthodes de recherche interdisciplinaire, de partager les bonnes pratiques et de lutter contre l’infodémie des +fake news+ qui se propagent aussi vite que le virus lui-même’’.
« Ces ressources jouent un rôle déterminant pour la souveraineté numérique du continent, contribuent à faire émerger des innovations locales, conçues par les Africains pour l’Afrique, et à rendre possible de nouvelles collaborations entre la société civile et l’Etat’’, soutiennent-elles.
Elles considèrent que la sanctuarisation de l’information la plus fiable possible constitue « un des enjeux auxquels l’Afrique doit faire face’’.
De leur point de vue, la liberté d’informer est inséparable de « la liberté d’accéder à des données ouvertes’’ et implique de « démocratiser leur utilisation auprès du plus grand nombre, dans un souci constant de pédagogie’’.
« Informer les populations en temps réel, c’est aussi les impliquer dans la lutte contre l’épidémie pour ne pas choisir entre la mort et la désintégration sociale’’, soutiennent ces personnalités.
Elles soulignent que « le reste du monde, et particulièrement l’Europe, ne peut pas se permettre de manquer ce rendez-vous historique avec l’Afrique (…)’’
Elles se réjouissent de constater que « les communautés tech africaines et internationales sont déjà connectées et partagent leurs données avec leurs réseaux africains, sous l’impulsion des organismes multilatéraux ou d’initiatives publiques ou privées’’.
« Dans cette épreuve, concluent-elles, l’Afrique doit démontrer à nouveau son ingéniosité et miser sur la résilience solidaire de sa société civile et la créativité de sa jeunesse. Le continent pourrait alors montrer au monde une troisième voie ».
Auteur : Aps