Le dossier Sonko-Adji Sarr, qui avait disparu depuis plus d’une année après les violents affrontements du mois de mars, commence à refaire surface. Hasard ou coïncidence ? En tout cas, ce qui est curieux dans cette affaire est qu’elle réapparaît juste après la sévère raclée infligée au pouvoir lors des Législatives suivie de la déclaration de candidature de Sonko. D’ailleurs, des voix commencent à s’élever pour déclarer qu’il n’y aura pas d’élection tant que cette affaire ne sera pas vidée par la justice. Pourtant, les deux protagonistes disent à qui veut l’entendre qu’ils veulent d’un bon procès. Finalement qui manipule qui ?
« Mieux vaut un ennemi intelligent qu’un ami stupide», dit-on. Et aujourd’hui, s’il y a quelqu’un qui doit faire très attention à ses «amis», c’est bien le Président Sall. Car tout le monde sait qu’actuellement, le Sénégal traverse une crise multiforme avec une hausse des prix tous azimuts, des inondations récurrentes etc. De sorte que les populations attendent des solutions urgentes à leurs problèmes.
Donc, au lieu de cogiter ferme pour voir comment les soulager de ce lourd fardeau, les «amis» du Président Sall le poussent à arpenter de ses interdits dans lesquels il risque d’être coincé. Et aujourd’hui, la victoire étriquée de l’Apr qui revêt des allures de défaite, devrait pousser le pouvoir à s’interroger sur le pourquoi du comment et essayer d’y apporter des correctifs au lieu d’essayer de raviver l’affaire Sonko- Adji Sarr, qui est actuellement entre les mains de la justice.
En conférence de presse samedi, les jeunes républicains de Guédiawaye et militants du directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), Lat Diop, déclarent à qui veut l’entendre qu’«il n’y aura pas d’élection à Guédiawaye si Ousmane Sonko n’est pas jugé dans l’affaire de viol présumé qui l’oppose à Adji Sarr».
Selon ces jeunes, le leader de Pastef, qui a déjà annoncé sa candidature pour la Présidentielle de 2024, devrait plutôt éclairer la lanterne des Sénégalais sur les faits qui lui sont reprochés au lieu de «bluffer l’opinion autour d’un supposé complot».
Seulement, la question qui s’impose est de savoir pourquoi la justice à qui il appartient d’élucider cette affaire datant de février 2021, n’a jusqu’ici pas tranché, alors que les deux protagonistes disent à qui veut l’entendre qu’ils ont hâte que le procès se tienne ? Et ce qui est encore plus curieux, est qu’elle a, d’après la presse, été évoquée devant le Président Sall, le samedi 20 août, lors d’une audience au palais avec les députés nouvellement élus de Benno bokk yakaar.
D’ailleurs, avant le point de presse des jeunes de l’Apr, Farba Ngom et Abdoulaye Saydou Sow avaient eux aussi agité ce dossier lors d’un face à face avec la presse. Comme quoi, tout ce que dit le petit maure…
Quoi qu’il en soit, il est temps que la lumière soit faite dans cette affaire et que ce dossier qui tient le pays en otage soit jugé ou classé. Parce qu’il n’est pas normal qu’à chaque fois qu’il est en mauvaise posture, que le pouvoir l’agite alors que les urgences sont ailleurs.
Si Ousmane Sonko, qui est un justiciable comme tout le monde, a commis un délit, il subit les rigueurs de la loi comme Sitor Ndour, soit il n’en a pas commis, on le laisse tranquille ; et le moment venu, il appartiendra aux électeurs de décider en toute responsabilité. Point.
Mais, il n’appartient pas au pouvoir d’éliminer les candidats. Actuellement, ce dont les populations ont besoin, c’est de paix et de sérénité, car elles sont déjà mal en point avec cette cherté de la vie qui hypothèque leur survie et ces inondations qui perturbent leur sommeil.
Donc, si les preuves constitutives d’un viol ne sont pas établies, il serait plus sage de calmer la tension en classant le dossier. Car, il faut que l’expérience serve à quelque chose et les douloureux événements du mois de mars devraient pousser les tenants du pouvoir à plus de lucidité.
Mais ces derniers, aveuglés par leur désir de freiner l’ascension du teigneux opposant, ne comptent reculer devant rien, l’essentiel étant pour eux de le neutraliser. Finalement, et si le véritable crime ou le seul péché de Sonko était d’être opposant radical au Président Sall ? Parce que vu la manière dont le dossier est traité, la position du pouvoir est très claire : il ne cracherait sur rien, l’essentiel étant d’avoir sa peau par tous les moyens comme le loup et l’agneau de la fable de La Fontaine.
Une fable qui illustre une réalité cruelle à portée universelle en mettant en évidence le comportement de celui qui, non seulement exerce sa violence sur le plus faible, mais cherche à la justifier. Comme quoi, «la raison du plus fort est toujours la meilleure». Seulement des fois, la force n’est pas toujours du côté où l’on pense.
Tribune