Le Championnat de Corée du Sud a bénéficié vendredi d’une exposition internationale sans précédent: sevré de matches depuis la mi-mars à cause des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus, le monde du football a suivi avec intérêt le lancement de la nouvelle saison de la « K-League ».
Pour faire oublier que les 42.477 sièges du stade de Jeonju devaient rester vides, pandémie de coronavirus oblige, les responsables du football sud-coréen ont fait diffuser à intervalles réguliers des enregistrements des chants des supporters du club local, Jeonbuk Motors.
Seule la tribune de presse était occupée, tandis que les travées vides de l’enceinte qui a accueilli trois matches de la Coupe du monde 2002 étaient cachées par des banderoles frappés des mots #C_U_SOON » (à bientôt), « STAY STRONG » (restez forts) ou encore par un tifo vert de la principale association des supporters du club local.
Deux mois après la date prévue initialement, le très attendu choc entre les Jeonbuk Motors, champions sortants, et les Suwon Bluewings, vainqueurs de la dernière Coupe de Corée du Sud, s’est soldé par la courte victoire du club local 1 à 0.
– Un buteur de 41 ans –
Il a fallu attendre la 83e minute pour voir l’unique but de la rencontre, une puissante tête du vétéran Lee Dong-gook, âgé de 41 ans et dernier joueur en activité à avoir participé à la Coupe du monde 1998.
Un but célébré avec retenue, car les joueurs avaient reçu des instructions très strictes: pas de poignées de main en début de match ou d’accolades en cas de but pour éviter une nouvelle propagation du coronavirus en Corée du Sud qui fut l’un des premiers touchés après la Chine en début d’année.
Lee a donc célébré son but aux côtés de ses coéquipiers de Jeonbuk Motors en rendant hommage au personnel de santé, en première ligne dans la lutte contre le Covid-19 qui a fait 252 morts pour 10.806 cas dans la péninsule, en esquissant avec leurs mains le signe « Respect ».
Avant la rencontre, joueurs, entraîneurs, soigneurs, arbitres et tout le personnel nécessaire au déroulement du match ont dû se soumettre à des contrôles de leur température.
Tout joueur ou entraîneur dépassant 37,5° C sera placé à l’isolement et fera l’objet d’un dépistage du Covid-19. En cas de test positif d’un joueur, ses coéquipiers et l’équipe qu’il aura affrontée sera placé en quarantaine pendant deux semaines.
– Diffusé dans 36 pays –
La « K-League » a donc donné un avant-goût au reste de la planète football de ce que pourrait être l’après-pandémie.
C’est tout le football sud-coréen qui se retrouve sur le devant de la scène internationale, car il est devenu le premier championnat d’importance dans le monde à redémarrer depuis l’irruption du Covid-19, même si quelques compétitions mineures ont maintenu leur saison pendant la pandémie, comme les championnats du Bélarus, de Taïwan ou du Turkménistan.
Pas moins de 36 pays, dont l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont acquis les droits de diffusion de la « K-League » pour étancher la soif de football de leurs téléspectateurs, privés d’actions et de buts depuis presque deux mois.
La saison dernière, seulement six pays, tous asiatiques, s’étaient intéressés aux retransmissions de matches du championnat sud-coréen…
« Notre exposition internationale était limitée jusque-là, notre championnat était largement inconnu jusque là en dépit de la compétitivité de ses équipes », a souligné le porte-parole de la « K-League », Lee Jong-kwoun.
« 2020 sera la première année où notre championnat atteindra un niveau de reconnaissance international », s’est-il félicité.
Les spectateurs, eux, pourront revenir progressivement dans les tribunes, au fur et à mesure de l’allègement des mesures de restrictions par le gouvernement.