Le Forum économique de Davos s’ouvre sans Trump, Macron et May

A Davos, dans les Alpes suisses, quelque 3 000 participants — grands patrons, chefs d’Etat et de gouvernement et personnalités de la société civile — se retrouvent à partir de ce mardi 22 janvier pour la 49e édition du Forum économique mondial (WEF). Un forum qui s’ouvre dans un climat de pessimisme, marqué par la révision à la baisse des prévisions de croissance du FMI qui a multiplié les mises en garde sur la prolifération des risques qui pèsent désormais sur l’économie mondiale. Ce 49e Davos, ce sont aussi des absences remarquées, à commencer par celle de Donald Trump.

Avec notre envoyée spéciale à Davos,Mounia Daoudi

Il avait annoncé sa venue le 17 décembre à la tête d’une délégation de choc dont la mission première devait être l’emploi. Ce sera du « All Business » avait insisté Donald Trump. Mais c’était avant le « shutdown ». Depuis le président américain a annulé sa participation, puis celle de l’ensemble de son équipe. Aucun officiel donc pour représenter la première puissance économique de la planète alors que la guerre commerciale avec la Chine est loin d’être écartée. L’année dernière star incontestée de Davos, Emmanuel Macron ne fera pas non plus le déplacement, officiellement en raison d’un agenda « surchargé ». En pleine crise des « gilets jaunes », l’image aurait été désastreuse pour un président régulièrement accusé de favoriser les plus riches.

Autre grande absente, Theresa May, une première, tant les Britanniques sont chez eux à Davos. Les interventions des locataires du 10, Downing Street étaient les plus courues du forum. Mais à un peu plus de deux mois du Brexit, et alors qu’aucun accord n’a été trouvé, qu’aurait bien dire la Première ministre britannique ? A elles seules, ces trois désaffections en disent long sur les grandes incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale. Et une fois n’est pas coutume, Gita Gopinath, la nouvelle cheffe économiste du FMI, a adressé un message aux dirigeants politiques pour qu’ils répondent rapidement au mécontentement populaire.

[Focus] Davos, le 49e forum économique mondial22/01/2019 – par Mounia DaoudiÉcouter

En Afrique, « la problématique de l’énergie »

Côté africain, on attend l’Ethiopien Abiy Ahmed, le Sud-africain Cyril Ramaphosa ou encore le Rwandais Paul Kagame, le président en exercice de l’Union africaine. Pas de Davos cette année en revanche pour le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, contraint de rentrer dans son pays secoué par de violentes manifestations.

Le forum 2019 s’ouvre dans un climat pesant. C’est ce que révèle l’étude annuelle du cabinet PriceWaterhouseCoopers (PWC) sur le moral des grands patrons. Seuls 42% se déclarent optimistes sur la croissance mondiale contre 57% l’an dernier. Ils sont surtout 29 % à se déclarer pessimistes, soit 6 fois plus qu’en 2018. Et la situation sur le continent africain nourrit aussi le pessimisme des grands patrons, comme l’indique Bernard Gainnier, président de PWC France et Afrique francophone : « L’Afrique reste une zone, un continent d’incertitude. On ne sait pas quand est-ce que le potentiel de croissance de cette zone va émerger et on ne sait pas vraiment où, pour une raison principale, c’est la gouvernance, avec des opportunités considérables liées à la métropolisation en Afrique, à la démographie bien sûr, 2 milliards et demi d’Africains en 2050, et aussi une capacité si on trouve l’énergie nécessaire à développer ces pays, la problématique de l’énergie en Afrique. Si ces éléments-là sont gérés, mieux traités, si la problématique de la métropolisation est gérée, on arrivera à trouver cette perspective de croissance. Mais pour moi, l’Afrique est un contient dilemme. »

Et pour Bernard Gainnier, il pourrait même y avoir une certaine stagnation : « Je dirais que c’est à peu près au même point avec une perspective de croissance pour l’Afrique qui est, quand vous regardez l’étude, qui reste autour d’un peu moins de 40%. Donc on sent bien qu’il y a quelque chose qui peut se passer, mais ce n’est pas évident que ça se matérialise dans les douze mois, même dans les trois ans qui viennent.»


La jeune écolo suédoise se rend à Davos

Parmi les participants au Forum économique mondial de Davos, il en est une cette année dont le nom grandit chaque jour sur les réseaux sociaux et parmi les jeunes à travers l’Europe. Il s’agit de Greta Thunberg, une Suédoise de seize ans qui a commencé une grève de l’école, tous les vendredis, pour exhorter les politiques suédois à agir plus pour le climat. Un mouvement qui se répand maintenant dans de nombreux établissements. Notre correspondant Frédéric Faux l’a rencontrée devant le Parlement suédois, à Stockholm, quelques jours avant son déplacement à Davos.

« Mon nom est Greta Thunberg. Je fais la grève de l’école, pour le climat, à la porte du Parlement suédois. Et je ferai ça tous les vendredis jusqu’à ce que la Suède respecte l’accord de Paris sur le climat », dit-elle.

Greta Thunberg ne doute de rien, et elle a raison. Au mois d’août, quand cette petite blonde coiffée de deux nattes, au regard buté, a commencé à manifester seule avec une pancarte en carton, pas grand monde ne la prenait au sérieux. Aujourd’hui, des dizaines de milliers de jeunes à travers l’Europe et jusqu’en Australie suivent son exemple et font la grève de l’école tous les vendredis, pour le climat.

Greta Thunberg avait déjà frappé l’opinion par son discours à la COP 24 de Katowice, en Pologne. Et elle compte bien faire de même à Davos, où elle espère notamment toucher les 60 chefs d’Etat qui seront présents : « En étant là-bas et en faisant des discours, je voudrais qu’ils oublient leur intérêt personnel, pour s’intéresser au climat », souligne-t-elle.

Greta va donc se rendre à Davos, mais en ayant le moins d’impact possible. Comme l’explique son père, qui va l’accompagner : « On y va en train. En partant de Stockholm tôt le matin, l’après-midi on est à Hambourg. Et là on prend le train de nuit pour Zurich. »

Un voyage de plus de 24 heures qu’elle fera de nouveau, dans l’autre sens, pour retourner chez elle en train.

Rfi