Al Hassan, un ancien membre présumé d’Ansar Dine, a été remis samedi par les autorités maliennes à la Cour pénale internationale. Il est accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis à Tombouctou entre avril 2012 et janvier 2013.
Ce Malien de 40 ans, originaire de la région de Tombouctou, aurait été membre d’Ansar Dine et commissaire de la police islamique entre avril 2012 et janvier 2013. Al Hassan, de son nom complet Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, est soupçonné d’avoir joué « un rôle de premier plan », selon les mots utilisés par la Cour pénale internationale, « dans la commission des crimes et la persécution religieuse et sexiste infligée par les groupes armés à la population civile de Tombouctou ».
A Tombouctou, on se souvient bien de Al-Hassan, très proche de Mohammed Moussa, une figure du groupe Ansar Dine très lié à Aqmi. Sa voiture de commandement, de couleur noire, a été réquisitionnée dans les locaux d’une ONG locale. Ses bureaux étaient abrités dans un bâtiment qui accueillait une caisse d’épargne au début de la crise. Al-Hassan faisait arrêter les femmes non voilées et les jetait en prison ou battre. Il aurait également procédé à de nombreux mariages forcés, se rappellent des témoins sur place.
« A cette époque, la ville était occupée par Aqmi et Ansar Dine, et M. Al Hasan faisait partie des personnes qui ont mené, selon nous, des actes de torture, de viols, d’esclavage sexuel, de persécution de la population de Tombouctou pour des motifs religieux, d’atteintes à l’intégrité des personnes, à des condamnations prononcées sans jugement et une attaque dirigée contre des bâtiments consacrés à la religion et des monuments historiques », explique Pascal Turlan, conseiller en coopération au bureau du procureur de la CPI.
L’homme est donc poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, soupçonné notamment de tortures, viols, esclavages sexuels. On l’accuse aussi d’avoir pris part à la destruction des mausolées des saints musulmans de Tombouctou, crime pour lequel un autre ancien membre d’Ansar Dine avait été condamné par la CPI en 2016.
D’après les informations de RFI, ce sont des Français de l’opération Barkhane qui l’ont arrêté dans le nord du Mali, avant de le remettre aux mains de la justice, il y a de ça plusieurs semaines, voire plusieurs mois. « Les autorités maliennes ont répondu à une demande d’arrestation et de remise émise par la cour après l’émission du mandat d’arrêt, le 27 mars dernier, et elles l’ont remis à la cour ce matin à Bamako », reprend Pascal Turlan. Al Hassan a été transféré samedi 31 mars au soir à La Haye. Son audience de première comparution est prévue pour le 4 avril prochain.