Le Pakistan aux urnes pour des élections législatives disputées

Les bureaux de vote ont ouvert ce mercredi 25 juillet pour des élections législatives disputées au Pakistan. Imran Khan, devenu un homme politique depuis qu’il a quitté les terrains de cricket, leader du Mouvement pour la justice, part favori du scrutin. «Ne perdez pas de temps. Votez et changez le Pakistan», a lancé de son côté
ce matin son rival Shahbaz Sharif, frère de l’ex-Premier ministre Nawaz Sharif, aujourd’hui derrière les barreaux, à la tête de la Ligue musulmane pakistanaise. Une journée d’élection marquée par un attentat suicide à Quetta.

avec notre correspondante à Islamabad,Solène Fioriti

Quelque 106 millions de Pakistanais sont attendus dans les bureaux de vote ce mercredi, et parmi eux, près de la moitié a moins de 35 ans.

Un attentat à Quetta malgré un scrutin sous haute surveillance

Plusieurs attentats ont visé des réunions électorales récemment et ce matin un attentat suicide a frappé un bureau de vote de la ville de Quetta, capitale du Balouchistan. L’attentat, qui s’est produit, près d’un bureau de vote a fait une trentaine de victimes, preuve que la situation sécuritaire reste instable au Pakistan. Mais l’image d’un Pakistan à feu à sang n’est plus d’actualité aujourd’hui. Rappelons qu’entre 2008 et 2012, les attentats étaient presque quotidiens. Ils sont beaucoup plus rares maintenant. Des études font état d’une baisse des morts violentes de 70% sur ces trois dernières, rapporte notre correspondante, Solène Fioriti.

Les talibans pakistanais et l’Etat islamique ont attaqué à quatre reprises pendant la campagne électorale. Dans le Balouchistan, au sud du pays, un kamikaze s’est fait exploser au milieu d’une réunion politique, il a tué 153 personnes. C’est le deuxième attentat le plus sanglant de l’histoire pakistanaise. Au total, plus de 180 personnes, dont trois candidats, sont morts ces deux dernières semaines pendant la fin de la campagne.

C’est sans doute aussi parce que la sécurité s’était considérablement relâchée ces derniers mois. A Islamabad, les habitants passent en permanence des portiques de sécurité que personne ne surveille. Aussi de grands moyens avaient été mis en place pour sécuriser le scrutin: 450.000 policiers et 370.000 militaires sont mobilisés pour rassurer l’ensemble des Pakistanais, qui avaient repris le goût à une vie enfin normale.

Un match politique serré

Deux partis font la course en tête. D’un côté, la Ligue musulmane pakistanaise, du gouvernement sortant. Son bilan économique est son premier argument de campagne. La Ligue a construit de nombreuses infrastructures: autoroutes, aéroport, et même un premier métro. Surtout, l’insécurité a fortement baissé pendant son mandat, malgré plusieurs attentats récents.

De l’autre, le Mouvement pour la justice de l’ex-champion de cricket Imran Khan. Lui promet d’investir massivement dans la santé et l’éducation. Des mesures très populaires auprès des jeunes.

«a voté !»: Shehbaz Sharif, frère de l’ex-Premier ministre Nawaz Sharif, chef de file de la Ligue musulmane, a voté à Lahore le 25 juillet 2018.REUTERS/Mohsin Raza

Même si le match est serré, c’est ce dernier qui semble avoir le vent en poupe. D’autant plus que  la Ligue est empêtrée dans des scandales à répétition. Son leader, l’ex-Premier ministre Nawaz Sharif, est incarcéré depuis dix jours. Il  a été condamné à dix ans de prison pour une corruption. D’après lui l’armée et la justice font tout pour favoriser son adversaire.

Mais vrai problème dans de ce scrutin, c’est le rôle que joue l’armée. Plusieurs médias ont affirmé avoir subi des pressions pour occulter la campagne du clan Sharif et favoriser Imran Khan.