Le Parlement espagnol toujours sans majorité

Nouvel échec d’investiture pour le socialiste Pedro Sanchez, qui n’a pas obtenu la majorité simple au Parlement, n’étant pas parvenu à un accord de coalition avec la gauche radicale de Podemos.

Avec notre correspondante à Madrid,  Diane Cambon

Le parti de la gauche alternative Unidas Podemos s’est abstenu lors du vote, faute d’entente avec les socialistes. Pas même l’ultime offre du leader Pablo Iglesias n’a pu renverser la tendance. Pedro Sanchez dispose de deux mois pour retenter sa chance, sans quoi de nouvelles législatives seront convoquées.

Aucune coalition de gauche

La coalition de gauche n’aura finalement pas lieu, en tout cas pas cette fois. Le chef du gouvernement sortant, Pedro Sanchez, et le leader de la gauche alternative, Pablo Iglesias, n’ont pas réussi à trouver un accord pouvant débloquer la législature.

Le différend repose sur la répartition des ministères. Les socialistes n’ont pas voulu céder les portefeuilles de poids comme la transition écologique, le travail ou les affaires. Aux yeux de la gauche traditionnelle, Unidas Podemos, qui n’a jamais eu de sièges au gouvernement, met la barre trop haute.

De nouvelles législatives possibles

Au dernier moment, Pablo Iglesias a certes accepté de céder sur certaines prétentions, mais les négociations étaient déjà rompues. Les deux formations disposent de 60 jours à compter de ce jeudi pour parvenir à un accord.

Unidas Podemos espère renouer les tractations au plus vite. Faute d’accord, le roi dissoudra l’assemblée et les Espagnols devront à nouveau retourner aux urnes début novembre. Ce seraient alors les quatrièmes législatives en moins de quatre ans.

Paralysie politique

L’échec de l’investiture montre à quel point la classe politique est incapable de trouver une solution pour remettre les moteurs en marche. Le pays fonctionne avec un budget d’État voté en 2018, ce qui bloque toutes nouvelles initiatives. Le quotidien conservateur el Mundo revient longuement sur cette Espagne qui fut un modèle de dialogue lors de la transition après la mort de Franco mais qui aujourd’hui est incapable de se mettre d’accord.

Le grand quotidien catalan la Vanguardia met en garde également sur les risques de tomber dans le modèle italien. L’explosion du bipartisme rend impossible la formation d’un gouvernement. Et comme le souligne l’éditorialiste Enric Juliana, la situation politique réunit toutes les conditions pour que naisse un Salvini espagnol, mais heureusement personne n’a son talent d’orateur.

Enfin, sur les réseaux sociaux, c’est la frustration et désolation qui reviennent le plus. Le spectacle offert par ces négociations frustrées entre les socialistes et la gauche pour former une coalition a déçu les électeurs de gauche. L’image de la politique a encore pris un coup.

Rfi