Le Parlement italien au régime minceur

En Italie, les députés ont adopté définitivement et à une majorité écrasante – 553 voix pour, 14 contre, 2 abstentions – une réforme constitutionnelle qui réduit de plus d’un tiers le nombre de parlementaires.

Dans ce pays de 60 millions d’habitants qui a le deuxième parlement le plus fourni en Europe, derrière le Royaume Uni (1 455 membres) et devant la France (925), le nombre d’élus passera de 945 à 600, dès la prochaine législature.

Cette réforme, fortement voulue par le Mouvement Cinq étoiles depuis son entrée au parlement en 2013, introduit un changement drastique. Le nombre d’élus passera de 630 à 400 à la Chambre des députés et de 315 à 200 au Sénat. Au total, la nouvelle loi constitutionnelle permet de supprimer 36,5 % des postes. Le premier objectif est de réduire les dépenses du parlement qui s’élèvent à 1,5 milliard d’euros par an.

C’était en effet un des grands chevaux de bataille du Mouvement 5 étoiles qui se qualifie encore d’anti-caste, d’anti-système. Même s’il en est désormais partie intégrante… Selon ses estimations, la loi permettra de réaliser environ 100 millions d’euros d’économies chaque année. Cet argent devrait être réinjecté dans les services publics, comme les transports, les écoles et les hôpitaux. Le deuxième objectif est de rendre plus simple, plus rapide et plus efficace le travail législatif.

D’abord opposé au projet, le Parti démocrate vote «oui»

Après la rupture au mois d’août entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue de Salvini, le Parti démocrate a signé un pacte de gouvernement avec les 5 étoiles. Or, pour cette nouvelle alliance, le Mouvement a exigé l’engagement des Démocrates en faveur de la réduction du nombre de parlementaires. En échange, le Parti démocrate a obtenu l’accord des 5 étoiles pour mettre en œuvre des mesures permettant de contrebalancer les effets de cette réforme, qui serait fortement teintée de proportionnelle. Parmi ces dernières, une nouvelle loi électorale qui serait fortement teintée de proportionnelle ainsi que l’abaissement de l’âge à 18 ans pour l’élection des sénateurs.

Actuellement, il faut être âgé d’au moins 25 ans alors que l’on peut voter dès l’âge de 18 ans pour l’élection des députés.

Più Europa, bien seule dans la bataille

Ce parti mené par Emma Bonino, l’ancienne commissaire européenne, estime que cette loi fragilise la démocratie. Que c’est une initiative démagogique qui ne permettra pas d’économiser 100 millions par an mais près de deux fois moins et qui ne rendra pas le parlement plus efficace.Par ailleurs,les constitutionnalistes sont nombreux à souligner que la réforme risque de déconnecter les élus des réalités du terrain car les circonscriptions seront beaucoup plus étendues.

Un sénateur représentera 302 000 habitants contre 188 400 actuellement. Et un député 151 210 contre 96 000. Ce qui creuse le fossé en termes de représentativité de la population.

rfi