Après la Grèce, Mohammed ben Salman poursuit sa tournée européenne à Paris, où il est reçu par le président Emmanuel Macron ce jeudi 28 juillet au soir. C’est la première fois que le prince héritier d’Arabie saoudite se rend dans l’Union européenne depuis l’assassinat de Jamal Khashoggi, alors que sa responsabilité dans ce crime a été pointée par les renseignements. Les questions énergétiques devraient dominer l’entretien.
C’est aujourd’hui le principal atout de Mohammed ben Salman pour se réimposer sur la scène internationale : l’Arabie saoudite est l’un des principaux producteurs de pétrole et ses réserves sont colossales.
La guerre en Ukraine a entraîné une flambée des prix de l’or noir, alimentant une forte inflation : aux yeux des Occidentaux, Riyad est l’un des rares acteurs sur le marché à pouvoir augmenter sa production afin de stabiliser les prix. Mohamed ben Salman est donc redevenu un interlocuteur acceptable, voire incontournable pour les dirigeants occidentaux.
C’est déjà avec cette requête que Joe Biden s’était rendu à Djeddah, il y a deux semaines, renonçant à la position ferme face à Mohammed ben Salman qu’il avait adoptée durant sa campagne. Une demande similaire pourrait être reprise par Emmanuel Macron alors que le taux d’inflation en France était, en juin, de 5,8% sur un an.
Au mois de mai, l’Arabie saoudite avait annoncé un plan pour accroître sa production de pétrole de plus de 7%, mais à une échéance lointaine, en 2026, car ce projet nécessite des investissements structurels. Et jusqu’à présent, le royaume s’est refusé à tout ajustement conjoncturel. Contrairement à ses alliés occidentaux, Riyad ménage ses relations avec Moscou et invoque ses engagements à l’égard des autres pays de l’Opep+, un groupe auquel la Russie appartient.
L’après Khashoggi pour MBS ?
La visite à Paris a aussi une dimension très symbolique pour Mohammed ben Salman. Moins de 4 ans après l’assassinat de Jamal Khashoggi, il foulera le tapis rouge dans la cour de l’Élysée. Il n’aura, certes, pas droit aux mêmes honneurs que le président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed, la semaine dernière qui était en visite d’État. Mais sa venue sur le territoire européen marque qu’il a regagné sa capacité à voyager où il veut.
Mais cette visite en France réveille aussi l’affaire Khashoggi. Deux ONG étrangères, dont DAWN, qui avait été fondée par le journaliste saoudien juste avant son assassinat, ont saisi la justice française. Celle-ci a une compétence universelle : elle peut donc enquêter et juger des faits commis à l’étranger tant que le suspect se trouve sur le sol français. La justice turque a décidé, en avril, de renvoyer le dossier à la justice saoudienne. Mais avec cette visite en France, les deux ONG espèrent obtenir l’ouverture d’une nouvelle procédure à l’encontre de Mohammed ben Salman.