Après un vendredi noir, les Bourses majeures démarrent lundi avec une chute brusque de 25 % des cours de pétrole consécutive à l’échec des négociations entre l’Arabie Saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et la Russie de Vladmir Poutine qui joue son positionnement stratégique dans le monde en faisant feu de tout bois (guerre en Syrie, diamants en Centrafrique et bras de fer pétrolier avec le cartel de pétrole).
Le baril de Brent se négociait ce matin à 33 dollars et devrait baisser encore si l’Arabie Saoudite met à exécution sa menace d’augmenter sa production à 10 millions de barils par jour et de baisser les prix de vente à partir d’avril. Une telle chute de l’or noir sur une séance n’était pas arrivée depuis la Guerre du Golfe en 1991.
A New York, ville en état d’urgence à cause du virus (450 cas et 19 décès), l’on surveille le pétrole de près. A Tokyo, le Nikkei a ouvert en baisse de 5%. En France, les analystes financiers tablent sur une guerre de prix sur le pétrole, ce qui contraint Total à une baisse de 16% et à TechnipFMC, un plongeon de 29%, à l’ouverture du marché ce lundi. Dans cette ambiance volatile, le CAC 40, plombé par le bras de fer OPEP-Russie et par l’avancée du Coronavirus (le cap des 100 000 contaminations a été franchi dans le monde) a ouvert en forte baisse de 6,4%, ce qui n’était jamais arrivé depuis juin 2016. Les craintes sont ravivées par des prévisions de croissance revues à la baisse. Ainsi, l’économie française ne devrait croître que de 0,1% au premier trimestre 2020 contre une prévision de 0,3% selon l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France publiée ce lundi.
L’autre puissance européenne, l’Allemagne, compte désormais 902 cas de malades atteints par le Cornavirus et a appelé à l’annulation des grands événements. L’Italie quant à elle compte 6 000 cas.
Jusque-là largement épargnée par la pandémie, l’Afrique n’est pas indemne par rapport aux canaux de transmission de la crise. Le ralentissement de l’économie chinoise entraine forcément une baisse des achats de pétrole brut et des matières premières, c’est à dire une baisse des cours. Les pays exportateurs de matières premières qui ont en général misé sur un pétrole à plus de 40 dollars sont les plus vulnérables par rapport au Coronavirus. Idem pour les pays importateurs de produits manufacturiers chinois sur lesquels planent une pénurie en cas de restrictions plus sévères.
L’autre catégorie de pays africains qui seront économiquement affectés par le Coronavirus sont les destinations touristiques (Maroc, Tunisie et Egypte). La diminution de la clientèle européenne qui vient en première position dans ces trois pays va peser sur les taux de remplissage d’une industrie touristique, poumon de l’Afrique du Nord. Sur la seule ville de Marrakech, l’on comptait 10 000 annulations liées au Coronavirus en début de semaine. Les réponses à la pandémie sont diverses et variées sur le continent africain, allant des restrictions et des contrôles à l’aéroport.