Le Premier ministre chinois en Europe, opération séduction «saison 2»

Le Premier ministre chinois Li Keqiang est attendu en Europe ce lundi 8 avril. Deux semaines après la tournée européenne du président Xi Jinping, le Premier ministre chinois doit assister au XXIe sommet Chine-Europe mardi à Bruxelles, avant de se rendre en Croatie pour un sommet avec les pays d’Europe centrale et orientale.

De notre correspondant à PékinStéphane Lagarde

Multiplier les visites pour mieux rassurer : décidément, Chinois et Européens ne se quittent plus en ce début de printemps, et c’est encore l’Europe qu’a choisi Li Keqiang pour sa première sortie de l’année. Une visite de cinq jours destinée à resserrer les liens avec le Vieux Continent, affirme Wang Chao, vice-ministre chinois des Affaires étrangères : « Le président Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang ont choisi l’Europe pour leurs premiers déplacements officiels de l’année, c’est le signe de l’importance que nous accordons à nos relations. La diplomatie chinoise commence l’année par une “saison européenne” (…) en souhaitant installer un environnement économique favorable (…) et en espérant que les mesures prises par l’Union européenne sur la 5 G notamment, ne viennent pas imposer de restriction à un pays en particulier. »

Les Européens inquiets

Outre ce bras de fer avec Washington autour de la 5 G de Huawei, Li Keqiang devra aussi clarifier le rôle qu’entend jouer Pékin dans l’avenir de l’intégration européenne. L’OPA des conglomérats chinois sur les infrastructures du Vieux Continent et la percée du projet de nouvelles routes de la soie auquel viennent d’adhérer l’Italie et le Luxembourg inquiètent une partie des Européens. Le document politique publié par la Commission européenne le 12 mars dernier, décrit la Chine comme « un partenaire de coopération, un partenaire de négociation, mais aussi un concurrent économique et un rival systémique. » Zhang Ming, l’ambassadeur de la République populaire de Chine auprès de l’UE préfère lui évoquer le partage de combats commun sur le climat, ou la vision d’un monde multipolaire. Même si dans la bouche des Chinois et des Européens, le terme multilatéralisme ne veut pas forcément dire la même chose, y compris concernant la réforme de l’OMC par exemple.

La diplomatie chinoise à la manoeuvre

Même chose pour les relations « 16 + 1 » entamées entre la Chine et les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) en 2012 seront réaffirmées lors du sommet de Dubrovnik cette semaine. L’initiative ne doit pas être perçue comme un point de division mais au contraire comme une aide à l’intégration européenne pour les pays européens en développement ressasse la diplomatie chinoise. Les échanges commerciaux entre la Chine et les pays de l’Europe centrale et orientale ayant augmenté de près de 21% l’an passé, ce « printemps doux », ces relations qualifiées de « chaleureuses » entre la Chine et l’UE « apporteront de la chaleur au reste du monde », a martelé ce dimanche 7 avril, le chef de mission chinoise auprès de l’UE. Un resserrement des liens avec le Vieux Continent, avant une éventuelle rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump le mois prochain pour enterrer la hache de guerre commerciale sino-américaine.

 

Rfi